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23 août 2007 4 23 /08 /août /2007 13:19

Si je vous dis Eric Halphen, vous allez penser Juge Halphen, et forcément ville de Paris, Jacques Chirac,undefined scandales politico-financiers, média … Si je vous dis qu’Eric Halphen a écrit un polar, vous penserez sans doute qu’il s’agit d’une histoire très médiatique, inspirée des faits sus-cités. Et même, si vous avez mauvais esprit, que l’éditeur se paie de la pub et éventuellement de grosses ventes par un simple effet de mode. Et vous aurez tord.

Maquillages d’Eric Halphen est  un excellent roman, écrit par un vrai écrivain, ce dont on peut se douter quand on apprend qu’il est publié chez Rivages, maison qui n’a pas l’habitude de faire dans la complaisance. Autour de deux personnages centraux, le juge Jonas Barth et le commandant Bizek, de la Criminelle, et de nombreux personnages secondaires superbement traités, il construit une enquête polyphonique sur la mort d’une jeune maquilleuse travaillant dans les métiers du spectacle. L’intrigue, faussement classique, réserve peu à peu, et sans effets spectaculaires, son lot de surprises.

Bien entendu, Eric Halphen exploite sa connaissance du milieu, parsemant son roman d’anecdotes que l’on sent tirées de son expérience, et décrit parfaitement le fonctionnement de la justice, les rapports entre ses différents protagonistes, la relation avec la police, avec la hiérarchie et le pouvoir, sans jamais tomber dans le didactisme. Sans jamais non plus tomber dans le cliché, les flics ne sont pas tous fachos, et ne considèrent pas tous les juges comme des ennemis laxistes, les juges ne sont pas tous hautains et méprisants … Loin de toute simplification, il traite tous ses personnages, flics, juges, victimes ou accusés, avec la même profondeur et la même humanité.

Il dresse ainsi un portrait de la justice française qui risque de faire grincer quelques dents chez ses collègues, même si Barth est un juge comme on aimerait en voir davantage, car, bien entendu, il y a des juges bien, aussi. Exemple :

« Petit métier exercé par des petites gens », avait dit un jour l’avocat Soulez Larivière à propos des juges. La seconde partie de l’affirmation, Barth la vérifiait tous les jours. Ce microcosme de six mille hommes et femmes qui s’estimaient supérieurs aux autres alors qu’ils étaient souvent mesquins et jaloux, sans envergure aucune, il avait bien du mal à le supporter encore. En revanche, il persistait à n’être pas d’accord avec l’autre partie. Le métier qu’il exerçait était l’un des plus nobles, des plus attachants qui soient.

Un excellent roman donc, avec lequel Eric Halphen pourrait bien avoir coulé les fondations d’une série exceptionnelle : Comme ses grands prédécesseurs McBain ou Harvey il ne s’est pas limité à décrire une enquête mais réussit à nous passionner également à la vie de ses personnages. On attend avec impatience de savoir ce qu’il va advenir de Jonas Barth, Biztek et des autres. Alors, le début d’une belle série ?

 

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commentaires

G
Quand je pense que j'ai eu ce livre tout l'été sur une pile sans me décider à commencer, là je regrette ...
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  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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