Comme indiqué dans la chronique précédente, Bibliosurf publie un dossier sur le polar nordique. Après l’interview de Gunnar Staalesen, c’est celui d’Arni Thorarinsson qui est en ligne. Je suis en train de réaliser celui de Jo Nesbo. A suivre donc.
Mais qui est Arni Thorarinsson ? C’est le nouvel auteur de polar islandais découvert par Métailié. Son héros récurrent est Einar, journaliste à Reykjavik. Dans Le temps de la sorcière, il est envoyé dans une petite annexe que son journal ouvre dans le nord de l’Islande, pour faire du journalisme de « proximité ». Travail passionnant qui consiste, entre autres, à poser la question du jour à cinq passants et à publier leurs réponses … Mais contre toute attente, cela va bouger. Tout d’abord avec la mort d’une femme d’une cinquantaine d’années, tombée d’un rafting lors d’une sortie cohésion de son entreprise. Sa mère qui s’ennuie dans une maison de retraite est persuadée qu’elle a été assassinée par son mari. Puis avec la disparition d’un lycéen, unanimement admiré et aimé, qui devait jouer le rôle principal dans une pièce amateur. Finalement le nord est plus vivant que prévu …
Beaucoup de bon, un peu de moins bon chez ce nouvel auteur islandais. Commençons par nous débarrasser du moins bon. On compare forcément avec Indridason. Et c’est là que le bât blesse. Thorarinsson n’évite pas certaines longueurs, maîtrise moins bien que son compatriote le rythme du récit, et n’arrive pas à rendre ses personnages aussi émouvants que ceux d’Indridason. Du coup, par moment, l’attention se relâche, et on n’est pas aussi touché.
Reste quand même beaucoup de bon, et de très bon même. Tout d’abord une autre vision de l’Islande, et ici de sa province. Une Islande qui souffre des problèmes actuels de toutes les sociétés occidentales (pertes des valeurs autres que le profit, individualisme de plus en plus forcené, racisme …), une Islande où la religion semble très présente (du moins c’est l’impression que je retire du roman), une Islande également où les discours politiques ressemblent comme deux gouttes d’eau … à ce que l’on peut entendre ici.
Malgré cette noirceur, et c’est là un autre très bon côté du roman : ni l’auteur ni Einar ne perdent le sens de l’humour. Il y a vraiment quelques dialogues et quelques scènes très drôles. Les relations d’Einar avec son rédacteur en chef qui veut du sensationnel sont très bien croquées, la question du jour offre quelques perles, et comme l’explique l’auteur dans l’interview cité plus haut, Einar peut se montrer sans pitié quand il s’agit de se moquer de lui-même. Donc, l’un dans l’autre, une belle découverte, malgré quelques réserves.