Piergiorgio Di Cara est flic anti-mafia en Sicile. Il est aussi grand lecteur et amateur (et même joueur) de rugby. S’il nous intéresse ici, c’est qu’il est également auteur, et que Métailié publie son troisième roman consacré au personnage de Salvo Riccobono, flic anti-mafia sicilien, grand lecteur … et amateur de rugby. Ce petit préambule n’est pas innocent, il explique pourquoi les romans de Di Cara sonnent tellement juste, autant dans la psychologie des personnages que dans la description, quasi documentaire, de leur quotidien. (Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, il ne faut pas être flic pour écrire sur les flics, ou serial killers pour écrire sur les serial killers, seulement, ça peut aider quand cela s’ajoute au talent).
Dans son premier roman, Île noire, il emmenait Salvo en convalescence sur une île perdu, auprès d’un ami médecin, et mettait l’accent sur la description de ce milieu fermé, au paysage impressionnant qui faisait sentir, physiquement, le poids de l’histoire et de la mythologie. Dès le suivant L’âme à l’épaule, il mettait Salvo en scène dans son quotidien de flic anti-mafia. Le roman se concluait sur l’attentat dont il était victime et qui l’envoyait en convalescence sur l’île noire.
L’écriture superbe, rendait parfaitement l’atmosphère de la brigade, faite de fatigue, de stress, d’espoir, et surtout, de fierté du devoir accompli, pour défendre la République, et les copains assassinés par l’adversaire. Dit comme ça, cela peut sembler ringard, mais écrit par Di Cara, ça prenait aux tripes.
Verre froid commence quand Salvo retourne au boulot. Sachant qu’il est sur la liste noire de la Cosa Nostra, la police décide de le muter en Calabre. Il tombe dans un commissariat qui somnole et où, à sa grande surprise, il n’y a aucune enquête en cours sur la ‘Ngrandheta, la mafia locale. Tout cela change dès qu’il se mêle de suivre un petit trafic de drogue local. Une fois de plus la violence aveugle et absurde de la mafia va se déchaîner.
On retrouve donc Salvo, dans son travail de flic anti-mafia. Il a juste changé de région, passant de la Sicile à la Calabre. On retrouve également les qualités du roman précédent, la justesse de la description du travail des flics, l’indignation et la rage de Salvo devant le pouvoir de la mafia, bien loin ici des représentations mythologiques du cinéma américain. Le seul défaut de cet ouvrage est qu’il ressemble trop au précédent, sans arriver à se hisser au même niveau, à la même densité. On n’y sent pas la même urgence. Il est donc moins fort et prenant. Il reste quand même un excellent polar, un témoignage précieux, et le lecteur éprouve beaucoup de plaisir à retrouver Salvo … Et espère juste que le prochain sera de la trempe des deux premiers.