Après une série consacrée au détective privé noir Lew Griffin de la Nouvelle-Orléans, (publiés dans la défunte collection La Noire), James Sallis a débuté avec Bois Mort une nouvelle série ayant pour personnage central Turner, ex flic de Memphis venu s’installer dans une petite ville du Mississipi. C’est un homme marqué, qui a fait quelques années de prison pour avoir tué son partenaire lors d’une mission. Par hasard, et presque contre son gré, il est devenu adjoint du shérif.
Cripple Creek commence la nuit où son boss arrête pour conduite dangereuse un homme en possession de 200 000 dollars. Le lendemain matin, quand il arrive au bureau, Turner trouve le shérif et sa secrétaire gravement blessés. L’homme s’est envolé, délivré par des complices. Turner suit leur piste qui le conduit à Memphis, où il n’est guère le bienvenu. Son intrusion dans le monde de la pègre locale va déclencher une nouvelle vague de violence.
Ce deuxième roman de la série Turner me laisse perplexe. Turner est un personnage très attachant, les personnages secondaires sont superbes ; les descriptions de la nature sont magnifiques, il se dégage de certaines scènes un paix et une émotion très prenantes. Pourtant, il manque du lien entre ces moments forts. James Sallis pousse son utilisation de l’ellipse à un niveau tel que j’ai parfois décroché. L’intrigue en devient si ténue qu’on se demande parfois si on n’a pas sauté un passage par inadvertance. Et les digressions, fort bien amenées dans les romans précédents, viennent encore diluer le propos, sans que l’on comprenne toujours leur lien avec le fil du récit. Venant d’un écrivain aussi talentueux et expérimenté que James Sallis, on peut supposer que c’est un effet voulu. Mais j’avoue qu’il m’a désorienté.