On avait découvert Piero Colaprico avec Kriminalbar, déjà publié chez rivages. Il s’agissait d’un recueil de dix nouvelles se répondant dans un montage diabolique. Le revoilà, toujours chez rivages, avec La dent du Narval, premier volume de ce qu’il annonce comme une trilogie milanaise.
L’inspecteur Francesco Bagni, membre de la brigade criminelle milanaise, se trouve en charge de l’enquête sur la mort spectaculaire d’une jeune aristocrate. Sa mère l’a trouvée sur son lit, une dent de narval plantée dans le visage. Le récit de la mère, Comtesse milanaise, est assez incohérent. Le père, membre des services secrets est en mission, injoignable. Le jour de l’enterrement, le père est de retour, furax, mais la comtesse a disparu. Le super espion ne lâche rien à la police, mais Francesco Bagni qui l’a mis sur écoute l’entend pester, persuadé que mère et fille l’ont arnaqué. L’enquête s’annonce bien difficile, mais Francesco Bagni est malin, et surtout très patient.
Il m’arrive parfois de ne pas savoir dire pourquoi un roman me déçoit. Plus rarement de ne pas identifier pourquoi il m’a vraiment plu. C’est pourtant le cas ici. Pourquoi malgré des qualités qui devrait juste en faire un bon polar sans plus, en ai-je tiré autant de plaisir ? Le ton est vif et le style alerte ; les personnages très bien croqués ; l’intrigue quand à elle est assez lâche, on sent bien que là n’est pas l’intérêt principal de l’auteur. C’est peut-être, outre les qualités déjà décrites, la magnifique description de Milan, personnage central du roman, qui emporte l’adhésion. Milan qui, pour Bagni, a perdu sa vitalité, son énergie, son originalité, mais qu’il ne peut se résoudre à quitter, en mémoire de ce qu’elle fut. Toujours est-il que ce court roman est un pur moment de bonheur, et que j’attends avec impatience la suite de la trilogie.