Je connaissais les romans de Jan Thirion, certains m’avaient enthousiasmé, d’autres laissé un peu plus froid, mais on y sent toujours un style, une patte, que l’on aime ou non.
Avec Elagage de printemps le lecteur découvre une nouvelle facette de son talent : la nouvelle. Un premier indice ne trompe pas : le recueil est préfacé par un des maîtres du genre, Marc Villard. Un auteur qui n’est pas connu pour sa complaisance, et qui, sur son site, peut se montrer plutôt rude (même avec des auteurs que j’aime). Donc si Marc Villard préface, c’est que non seulement c’est bon, mais également que c’est singulier. Et singulier cela l’est.
Je n’aime pas toutes les nouvelles, certaines me laissent sur le bord de la route, une me gêne même par sa recherche un peu trop systématique du style scandé (Robert de Niro dans Taxi Driver). Mais Elagage de printemps m’a scotché, dans sa noirceur totale, Eclaboussures d’or, gerbes noires est absolument étonnante, inattendue, d’un humour noir que j’aime beaucoup et qui est la marque de fabrique des romans de Jan, et l’humour de Tropique du désir m’a emballé. Comme le désespoir très humain de Haïku inachevé, de Glasgow-Toulouse et des mots compliqués m’ont touché au cœur, je peux dire que je suis enchanté par ce recueil.
A signaler le beau travail des éditions de la Quadrature qui s’est donné pour but fort ambitieux en France de publier des nouvelles de qualité. C’est d’ailleurs dans cette édition qu’est éditée Emmanuelle Urien dont j’ai entendu le plus grand bien. A suivre bientôt ici donc.
Pour en revenir à Jan Thirion, il signe ici un fort beau recueil de nouvelles variées dans leurs thématiques et leurs tons, mais qui partagent une même exigence dans la qualité du travail littéraire.