Cela faisait quelque temps que j’entendais parler des nouvelles d’Emmanuelle Urien. Par la spécialiste polar d’ombres Blanches, sur les blog, et dernièrement par Claude Mesplède, en personne. Il était temps que je m’y mette. C’est chose faite et je n’ai pas été déçu.
Toute humanité mise à part rassemble douze nouvelles. Douze diamants noirs.
Une vieille fille fête un enfant mort depuis des années. Des détenus s'évadent grâce à un bibliothécaire. Une jeune femme décide, tout d'un coup, qu'elle en a assez de se laisser battre par son mari. Un homme fuit le quotidien pour oublier la mort de ses proches, il trouvera la paix en déminant des champs au Cambodge. Un adolescent fuit le désespoir de sa banlieue bétonnée en lisant les noms de rues. Un gamin a honte de sa sœur trisomique. Des orphelins martyrisés se vengent, peu à peu, de leurs bourreaux … Et quelques autres.
Douze nouvelles, douzes histoires, douze drames, noirs, très noirs. Et pourtant, malgré ce que laisse supposer le quelques lignes ci-dessus, ce n'est pas l'horreur qui reste en mémoire un fois le recueil refermé, mais l'humanité. Ces personnages tragiques, désespérés, ou parfois simplement tristes à pleurer dans leur banalité terne sont surtout profondément humains. Pas un mot de trop, pas un adverbe, pas un adjectif larmoyant, pas de pathos, pas d'effets. Et pourtant, l’émotion est toujours au rendez-vous, parfaitement rendue au travers d'une parole, d'un geste, d'une pensée.
Chacune a son narrateur, chacune a son ton, son écriture. Toutes, sans exception font mouche, aucune ne laisse indifférent. Les différents jurys de France et de Navarre ne s'y sont pas trompés qui ont primé dix de ces douze nouvelles ! Un auteur à suivre, sans faute, qui s'affirme déjà comme l'une des meilleurs nouvellistes du pays.
Il convient de souligner, une fois de plus, l’excellent travail des éditions Quadrature.
Emmanuelle Urien / Toute humanité mise à part (Quadrature, 2006)