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17 janvier 2008 4 17 /01 /janvier /2008 09:29

Les onze nouvelles du recueil Les beaux dimanches ont pour protagonistes un moine japonais, un gamin passionné de jeux, une femme jalouse, un flic amateur de jazz, un navarin d’agneau, une famille désunie autour d’un navarin, un passeur pendant seconde guerre mondiale, une femme en bisbille avec ses voisins … Des êtres souvent hantés par leur passé, parfois au bord de la folie, presque toujours en manque de quelque chose. Elles se terminent souvent mal, parfois même très mal.

 

magali-duru.jpgDécidément les toulousaines broient du noir. Elles le broient en fine poudre, le font infuser, et en tirent des breuvages sombres, concentrés et parfumés. Comme sa collègue Emmanuelle Urien, également éditée chez Quadrature, Magali Duru cisèle les mots, les fait chanter, embaumer, valser ou claquer comme un fouet. Elle donne magnifiquement à voir, et à entendre, mais également à toucher le parcours du pinceau sur la page, à sentir le muguet ou le rat crevé, à goûter les fleurs des champs ou un œuf en cocotte. Tous les sens participent à la fête. Tous, toujours, ont une importance dans le récit. Rien de gratuit, pas un mot de trop.

 

Ces deniers temps, la nouvelle noire française se porte bien, Magali Duru, Emmanuelle Urien, Jan Thirion ou Max Obione venant rejoindre les glorieux précurseurs. Chacun a son ton, son style, ses spécificités. Magali Duru se démarque entre autres par sa façon de dire au lecteur le minimum nécessaire à la compréhension, tout en laissant assez de zones d’ombres et de doutes pour laisser une large place à son imagination. Il s’agit d’un exercice délicat, au cours duquel l’auteur prend en permanence le risque d’être trop elliptique et de donner l’impression de ne pas totalement maîtriser son histoire, laissant sur le bord de la route un lecteur frustré. Ce n’est jamais le cas ici. Tout au long de ces onze nouvelles Magali Duru danse sur la corde raide, fait trembler le spectateur, sans jamais tomber.

 

Magali Duru / Les beaux dimanches (Quadrature, 2007)

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commentaires

F
Comme j'ai beaucoup aimé "Court, noir sans sucre" d'Emmanuelle Urien, si celles-ci sont du même acabit, je n'y résiste pas !!
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  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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