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30 janvier 2008 3 30 /01 /janvier /2008 21:46

Après les aventures enthousiasmantes du gang de la clé à molettes, Gallmeister publie Le feu sur la montagne, un roman antérieur d’Edward Abbey, où il fait déjà preuve de la même combativité, et du même refus de ce que tous, pourtant, présentent comme inéluctable.

 

abbey-feu.jpgJohn Vogelin est vieux, rude et très têtu. Le désert et les montagnes qui entourent son ranch au cœur du Nouveau-Mexique sont toute sa vie. Son grand-père et son père l’ont défendu, les armes à la main, contre les apaches, les banques et les compagnies de chemin de fer. Aussi l’armée américaine tombe-t-elle sur un os le jour où elle vient l’exproprier pour agrandir son champ de tir de missiles. Aucun argument, qu’il soit financier, juridique ou patriotique ne fera bouger John de sa terre. Quant aux menaces, elles ne font que rendre encore plus granitique son refus de tout compromis.

 

Prévoyez d’avoir à portée de main un grand verre d’eau glacée et une paire de lunette de soleil. Le simple fait d’ouvrir ce roman va faire souffler chez vous un vent chaud et sec, va faire plisser vos yeux, va vous assécher les papilles. Le désert est palpable à la lecture de ces pages, les couleurs éclatantes, la luminosité aveuglante,  la chaleur accablante.

 

Et que dire de John Vogelin, rude, minéral et inébranlable comme sa terre ? Quel personnage ! Capable de fixer des limites, et de s’y tenir, préférant avoir raison seul que tord avec une bande de cons. En ces temps de consensus mou, de politiquement correct, et d’acceptation de tout et de son contraire, au nom de la force des choses, Edward Abbey et son personnages affirment et confirment qu’un homme doit se dresser, jusqu’au bout, contre ce qu’il considère comme inacceptable. En ces temps où le bonimenteur au sourire de publicité est un héros, où l’apparence et l’argent sont les seules choses qui comptent, où nos politiques prétendent ne rien pouvoir faire parce que la mondialisation, l’Europe, le marché, l’économie … John Vogelin oppose un NON indéracinable, indiscutable, non négociable.

 

Quand on lui oppose l’argument définitif de la sécurité nationale, mise en danger par l’ours soviétique voilà ce qu’il répond :

 

« D’accord […] il y a plus de sécurité nulle part. Je ne veux pas de sécurité. Je veux mourir dans le ranch de mon père. »

 

Même si l’on ne partage pas forcément le combat du vieux couguar, on ne peut qu’admirer son courage. Et peut-être s’en inspirer un tout petit peu.

 

Edward Abbey / Le feu sur la montagne (Gallmeister/Noire, 2008)

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commentaires

K
<br /> Merci beaucoup. J'attendrai donc confirmation en croisant les doigts car il paraît (d'après Luis Sepúlveda) qu'il est excellent.<br /> <br /> <br /> Cordialement<br />
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J
<br /> <br /> De nada.<br /> <br /> <br /> J'ai appris quelquechose.<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> Bonsoir,<br /> <br /> <br /> J'apprends que la maison d'édition espagnole Berenice a traduit à l'espagnol le roman de Edward Abbey "The Brave cowboy" (El vaquero indomable).<br /> <br /> <br /> Savez-vous si ce roman a été traduit au français ?<br /> <br /> <br /> Merci beaucoup.<br /> <br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> <br />  <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Bonsoir,<br /> <br /> <br /> Je n'en ai jamais entendu parler, et une telle traduction n'apparait pas sur sa notice wikipedia française. Je vais essayer de demander chez Gallmeister si c'est dans les cartons.<br /> <br /> <br /> ...<br /> <br /> <br /> Et voici la réponse :<br /> <br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> nous allons publier « The Brave cowboy » en 2015, probablement au second semestre. Mais cela reste à confirmer.<br /> <br /> <br /> Bien cordialement,<br /> <br /> <br /> <br />

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