Pour l’instant L’épée de feu est déjà le volume 7 d’une saga, Le trône de fer, qui en compte 12 en traduction française. Une saga fantazy comme je les aime : pas de gentils tout gentils qui, bien que beaucoup moins nombreux vont sauver le monde. Pas de lutte entre le Mal avec un M et le Bien avec un B. Pas de recherche des objets magiques qui permettront, à la toute fin, de sauver le monde.
Le trône de fer c’est :
Un royaume, le royaume des sept couronnes, en pleine déliquescence qui va se déchirer dans des guerres de succession sans merci. Au nord, derrière le Mur gardé par la Garde de Nuit, une zone où survivent des sauvageons, des barbares, et où se profilent une menace dont parlent les légendes, les Autres. Au sud, de l’autre côté de la mer, des cités où la magie n’a pas été oubliée, et où se trouve l’héritière du royaume des sept couronnes qui, peu à peu, va reformer une armée, et surtout, surtout, a de nouveau des dragons.
Le trône de fer c’est surtout des dizaines de personnages, fouillés, torturés, lâches, courageux, faibles, héroïques, tour à tour victime et bourreaux, un jour cruels, le lendemain pathétiques. Des personnages que l’on suit, chapitre après chapitre, au quatre coins de ce monde foisonnant.
Certes, cela demande parfois un peu de concentration, surtout quand on attaque un nouveau volume, après avoir laissé la série quelques temps. Certes, on se demande parfois, le temps de quelques lignes, mais kicécuila ? Mais quelle richesse, quelle complexité, quel monde !
Et puis il y a les Autres. En bon maître du suspense, l’auteur ne les montre que très peu. Juste au début, pour faire peur, puis deux ou trois fois en 7 volumes. Mais le lecteur ne les oublie pas, la menace est là, tapie, invisible, et d’autant plus effrayante. Comme le requin des dents de la mer ( le premier bien sûr), comme le premier Alien, effrayants par ce qu’on les imagine, sans jamais tomber dans le grand guignol.
Pour finir il y a tous les seconds couteaux, ceux qui subissent les guerres, les plans, les ruses, des grands stratèges, qui finissent toujours par retomber sur les épaules des mêmes.
Un monde magique, un monde imaginaire, un monde tragique, un monde passionnant, et finalement, un monde pas si éloigné que ça du notre.
George R. R. Martin / L’épée de feu (J’ai Lu, 2006).