Alors que la série noire édite A mon juge, le nouveau roman d’Alessandro Perissinotto, folio de son côté réédite Train 8017.
Adelmo Baudino était cheminot, jusque pendant la guerre de 39-45. Il a participé à la résistance des partisans contre les nazis et leurs alliés fascistes. Il y a vu mourir des amis. C’est pourquoi il est particulièrement amer d’avoir été « épuré » avec quantité d’autres compagnons, et licencié des chemins de fer italiens à la fin de la guerre. On lui a reproché son appartenance à une milice d’obédience fasciste quand il était enquêteur pour le rail. Aujourd’hui, Adelmo est maçon. Jusqu’à ce qu’il apprenne par hasard que deux anciens cheminots ont été assassinés à Turin. Son ami Berto, épuré comme lui mais fils d’un riche notaire, le convainc de rechercher l’assassin, pour essayer de rentrer dans les bonnes grâces des autorités.
Train 8017 est un bon polar, bien construit avec de beaux personnages, qui rend bien une époque qui fut trouble un peu partout en Europe : Celle de la fin de la deuxième guerre mondiale, et son cortège d’injustices, de vengeances, de mesquineries, et de courageux de la dernière heure qui retrouve, au dernier moment, un patriotisme et une capacité d’indignation de bon aloi, faisant peser leur juste courroux sur le dos de quelques victimes expiatoires d’autant plus faciles à tondre qu’elles sont sans défense. Un phénomène qui est loin de se limiter à l’Italie.
Ce qui est peut-être plus proprement italien s’est le maintien souterrain, d’une forte identité fasciste. Un bon polar donc, qui ne déçoit un peu que parce qu’il est l’œuvre d’Alessandro Perissinotto, dont j’ai quand même préféré les deux autres romans traduits en France, La chanson de Colombano plus original et étonnant par son propos, et le récent A mon juge, plus original dans la forme.
Alessandro Perissinotto / Train 8017 (Folio/policier, 2008).