Nick Stone est un auteur anglais qui, d’après le quatrième de couverture, a vécu à Haïti dans sa jeunesse, et y est retourné plus tard, adulte. C’est ce voyage qui lui a donné le point de départ de Tonton Clarinette.
Max Mingus était privé à Miami quand il a abattu les camés qui avaient enlevé, violé et tué une gamine. Il a pris huit ans de prison. Sa peine touche à sa fin quand il est contacté par Allain Carver, un des hommes les plus riches d’Haïti, pour retrouver son fils Charlie disparu depuis maintenant deux ans. Rien dans l’affaire ne plait à Max, mais Allain lui offre une véritable fortune s’il retrouve le gamin, et Max a besoin de faire quelque chose pour oublier la prison, la mort accidentelle de sa femme, et le vide de sa vie. Il accepte donc. Il ne sait pas qu’il va être confronté à une misère bien pire que tout ce qu’il a pu imaginer, à la superstition et à une violence qu’il n’a jamais approchée, même dans les pires quartiers de Miami.
Voilà ce que j’appellerais un bon polar, solide, sérieux, bien fichu, bien meilleur qu’un simple thriller, car en plus d’être bien construit avec tous les ingrédients du thriller, il nous plonge dans un monde que nous ne connaissons pas, mais sans cette étincelle, ce … truc, très difficile à définir, qui fait que des romans comme Versus ou La griffe du chien sont d’une autre nature, d’un autre niveau.
Tous les éléments sont là : un privé dans la plus pure tradition, à la fois dur à cuire, rude, mais également faillible, plein de contradictions et de faiblesses. Une intrigue qui tient la route, avec fausses pistes et coups de théâtres, et même quelques éléments à la limite du fantastique. Tout cela au service de la description d’un enfer, celui d’Haïti, où les anciens tontons macoutes des sinistres Duvalier sont toujours là, où règne une misère invraisemblable, où superstition et religion mènent la danse, et où les anciens esclavagistes blancs sont toujours les maîtres. Une île où l’on crève tous les jours de chaud, de faim, d’ignorance, de maladie ... Et où la vie humaine ne vaut pas lourd, et où les plus faibles, à commencer par les enfants, sont les plus exposés. Un pays où les Marines et les casque bleus se conduisent comme des conquérants et des prédateurs, alors qu’ils sont censés être des libérateurs au service de la démocratie …
Au-delà de l’intrigue, la description de cette réalité pour atroce est le grand plus de ce bon polar.
Nick Stone / Tonton clarinette (série noire, 2008).