Tout d’un coup, l’auteur qui me faisait sourire me faisait rire, pleurer, réfléchir, me serrait la gorge, me faisait m’écrier « mais c’est exactement ça que je ressent ! ». Comment faisait-il pour exprimer autant de choses, et des choses si juste en deux dessins faussement simples ? Comment trouvait-il le dialogue en deux phrases qui faisait mouche ?
Pour moi le mystère reste entier, et le Tome 4 de cette BD qui vient de sortir est aussi bouleversant que les trois premiers. Soit Manu Larcenet est mon double, soit tous les parents réagissent de a même façon face à leurs gamins, les enfants face à leur parents devenus mortels, les frères face à leurs frères et sœurs … C’est bouleversant de le voir mis en dessins et en bulles d’un façon aussi éblouissante de vérité, d’émotion, de justesse, et de simplicité.
Et puis, de toute évidence, le tome 4 le confirme, Manu Larcenet et moi partageons aussi quelques valeurs
Les dessins sont parfaits, les dialogues époustouflants, tellement justes et emballants qu’on peut même les citer, là, comme ça, sans pomper le dessin. Voyez plutôt :
« Si la loi autorise les patrons à aller planter leurs usines dans le tiers-monde, il faut être un sacré hypocrite –ou un socialiste- pour s’offusquer qu’ils le fassent dans les faits »
« Aujourd’hui, c’est à la mode d’avoir des racines de-ci, de-là / CONNERIES, OUI ! / c’est rien d’autre que la glorification de la tradition imbécile. Ca nous colle au sol … ça empêche d’avancer. / Les racines c’est bon pour les ficus ! »
Ca marche non ?
Manu Larcenet / Le combat ordinaire T4, planter des clous (Dargaud, 2008)