Il est, dans le cas de cette nouvelle, très intéressant de comparer la sécheresse, et l’économie de moyen d texte, sans un mot inutile, avec l’adaptation cinématographique, obligée de prendre le temps de montrer et de développer des choses qui sont à peine suggérées dans la nouvelle. Intéressant de voir ce que le scénariste a choisi de développer, ce qu’il a ajouté pour augmenter la charge émotionnelle …
Les huit autres nouvelles sont du même acabit, pas un mot de trop, des dialogues au cordeau, de l’action, du suspense, des paysages grandioses, des personnages « bigger than life ». Et toujours la peinture d’un ouest à la fois mythique - apaches, truands, cow-boys taciturnes qui dégainent plus vite que leur ombre - et démystifié, avec le racisme quotidien, la mainmise des riches et puissants sur tout, y compris la justice, le traitement inhumain réservé aux indiens, le mépris des pauvres et des faibles.
A cet égard, Le garçon qui souriait, et A la dure, sont exemplaires dans la mise en scène de l’injustice que subissent les métis et les indiens, sous le double prétextes qu’ils sont différents et pauvres. Heureusement, grâce à Leonard les damnés de l’ouest peuvent, parfois, prendre d’éclatantes revanches.
Elmore Leonard / 3 heures 10 pour Yuma (The complete Western stories of Elmore Leonard, 2004). Rivages/Noir. Traduit de l’Américain par Elie Robert-Nicoud.