Un peu partout dans la presse, les hommages fleurissent. Ils ne varient guère d’un journal à l’autre. Ils attirent, partout sur les sites, une majorité de commentaires chaleureux, émus, malheureux de lecteurs désolés et reconnaissants. Et leurs scories de commentaires imbéciles de grincheux minables qui critiquent sans avoir lu sous prétexte que l’homme était trop de gauche, trop anar, trop populaire … C’est inévitable, et méprisable. Ils attirent aussi leur lot de commentaires tout aussi grincheux et idiots qui prennent prétexte de ce malheur pour déclarer que le polar français est maintenant mort, et que tous les autres font de la merde. Je n’invente rien, j’en ai lu.
Vous trouverez tout seul ces hommages sur les sites des journaux. Je vous signalerai si, ici ou là, apparaît un texte plus personnel qui sorte un peu de ce minimum syndical au demeurant respectable.
N‘ayant jamais croisé Fajardie, je vais juste revenir sur mes impressions de lecteur.
Fajardie y arrivait. Qu’ils soient flics (avec la série Padovani), anciens militaires désoeuvrés (La nuit des chats bottés, Brouillards d’automne), chevaux de course (Sous le regard des élégantes), ou chien de résistants (Des lendemains enchanteurs), les personnages de Fajardie sont tous la déclinaison du héros, paladin des temps moderne, défenseur des pauvres et des opprimés, pourfendeurs de méchants, de médiocres, d’oppresseurs et de cons. Et ça fait un bien fou. Parce qu’ils nous vengent. Avec élégance et panache ils balancent des grands coups de tatane dans les burnes des cons, médiocres, affreux, sales et méchants qui nous pourrissent la vie, à nous et surtout aux plus faibles.
Fajardie faisait de la vraie littérature populaire (et surtout pas populiste), intelligente, généreuse, élégante. Il la
Au moment où je redécouvre le cinéma d’aventure avec mes gamins, le lien me semble évident. Fajardie pour moi c’est Errol Flynn dans Robin des Bois, Jean Marais dans Le capitan, Gérard Philippe dans Fanfan la tulipe, Gary Cooper dans Vera Cruz, Tyrone Power dans le Cygne noir. Biger than life comme ils disent de l’autre côté de l’Atlantique. C’est marrant, je voulais dire les héros de Fajardie, et j’ai écrit Fajardie. Parce qu’on sent tant d’amour, de rage et de sincérité dans ce qu’il écrivait qu’on imagine mal qu’il ait pu être très différent de ses personnages.
C’est tellement dommage que dans la vie il y ait si peu de personnages fajardiens. Les héros bien entendu, les autres, les cons, il y en a pléthore.
Et bien entendu, Fajardie était de gauche, la vraie, pas la rose saumon. Sa Chronique d’une liquidation politique est un réquisitoire implacable contre la destruction de la gauche par Mitterrand. Au-delà de cet engagement et de ses écrits politiques tous ceux qui ont gardé un tout petit peu de leur fraîcheur de minot, peuvent se retrouver dans Padovani, Steph, Paul, Tanz et les autres.
Un très bel article, très loin des nécros citées ci-dessus, sur le blog de Bastien Bonnefous.