Suite et fin de la rencontre, avec une fin un peu frustrante que je regrette autant, sinon plus, que vous ...
Jean-Marc Laherrère : Passons à autre chose. Sur ton site il y a une chronique intitulée Les écrivains sont mes copains, tu y parles de tes références littéraire. Pourrais-tu en dire quelques mots ?
Pascal Dessaint : Oui, les écrivains sont mes copains. Même les écrivains morts sont comme des proches, des amis. C’est une émotion qui dure depuis mon adolescence. J’ai lu à cet age des écrivains déterminants qui m’ont donné envie d’écrire. Ce sont surtout des américains qui ont une puissance narrative qui m’a toujours laissé admiratif. C’est Bukowski, c’est Henry Miller, c’est Hubert Selby Junior, et puis un français pour son humeur vagabonde, son art de voyager et de réinventer le monde dans une époque assez trouble et assez folle, c’est Blaise Cendrars.
Voilà pour les écrivains fondateurs. Ensuite il y a ceux que j’ai découvert ensuite, qui sont aussi devenu des « amis ». Et c’est encore mieux parce qu’ils sont toujours là, vivants, et parfois on a même la chance de les rencontrer. C’est Jim Harrison, c’est Rick Bass, c’est Dan O Brien, c’est Russell Banks. Ce sont des gens à la cheville desquels je n’arriverai jamais. Et leur existence est plus que réconfortante. Ce sont des étoiles. Je mets des barreaux à l’échelle en sachant que je n’arriverai jamais aux étoiles, mais je continue quand même, j’essaie.
Mes grands bonheur, ce sont les sorties du nouveau Jim Harrison, du nouveau Russel Banks. Donc ces écrivains sont mes copains. Et il se trouve que la plupart sont très sensibles aux questions d’environnement. Etant américains, ils ont beaucoup de mal à se faire entendre.
Dan O Brien fait en ce moment une expérience extraordinaire. Dans son coin où il n’y a que des vaches qui ont tout détruit, tout fait disparaître, il réinstalle des bisons. Il faut lire son bouquin, Les bisons du cœur brisé, c’est un livre extraordinaire. C’est une expérience écologiste éclairante. En plus ce sont des écrivains utiles. Contrairement à ce qu’on coirt, les livres peuvent être utiles.
Ce mois-ci j’ai lu le dernier livre de Barbara Kingsolver qui s’appelle Un jardin dans les Appalaches. C’est une écologiste qui a décidé de faire une expérience extrême avec sa famille. Ils sont devenus locavores. Ils ne consomment que ce qui se crée localement. Elle ne mange rien qui vienne de plus de 50 km. Elle a un immense jardin, et elle vit avec ses produits et ceux des producteurs locaux. Et c’est une expérience américaine. Certes les américains sont en train de foutre en l’air la planète, mais il y a aussi chez eux des gens qui font des choses extraordinaires, et, petit à petit, finissent par convaincre d’autres personnes. Elle raconte ça. Je ne sais pas si je vais changer concrètement quelque chose tout de suite. Mais ça a renforcé mes convictions. Et je vais être encore plus vigilant.
Voilà un livre utile, qu’on a envie d’offrir à dix personnes … Quand on sait qu’autour de soi des gens vivent des choses comme ça, ça renforce l’envie de militer et d’espérer.
La rencontre ne s’est pas terminée là. C’est par contre là que j’ai été trahi par la technologie, et plus particulièrement les batteries de mon enregistreur. Nous avons ensuite parlé d’Edward Abbey, auteur du jubilatoire Gang de la clé à molette, puis avons évoqué le cinéma, et l’adaptation de Cruelles Natures, qui est en cours. Malheureusement, par la faute de ces p… de batteries, vous n’en saurez pas plus …