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15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 21:40

Il y avait, chez Zulma, au moins deux auteurs dont le talent n’était pas reconnu à sa juste valeur. Marcus Malte et Pascal Garnier. Il semblerait qu’enfin Marcus Malte arrive à sortir de l’ombre et à gagner un autre public que celui des quelques fidèles qui le soutiennent depuis le début. Il me semble que Pascal Garnier reste encore injustement méconnu. Son dernier roman, La théorie du panda, apporte une pierre supplémentaire à son œuvre cohérente et originale.

Gabriel arrive en train, seul, dans une petite ville de Bretagne. Il s’installe dans un hôtel modeste, sans âme et sans charme. Gabriel n’a rien à faire, il marche, prend un café, écoute les gens. Et entre dans leur vie, l’air de rien. Dans celle de José, patron de bar déboussolé par la maladie subite de sa femme. Dans celle de Madeleine, réceptionniste de l’hôtel, ni belle ni laide, « Disons qu’elle hésite entre les deux ». Dans celle de Rita et Marco, paumés à bout de souffle. Il les écoute, cuisine pour eux, les aide, leur apporte un peu de bonheur. Mais ne se dévoile jamais. Parce que c’est certain, Gabriel a un secret. Un secret lourd et sombre.

Les romans de Pascal Garnier sont courts, il semble qu’il ne s’y passe presque rien, et pourtant ils marquent durablement. Celui-ci ne fait pas exception. En essayant de comprendre les émotions que sa lecture a suscité, j’ai pensé à ça :

Un tableau idyllique, une mer calme par exemple, reposante, sans vague. Et une enfant, une petite fille, qui joue avec sa bouée. Et pourtant, une toute petite musique, à peine perceptible nous dit, implacable, que quelque chose de gros, de sombre, de méchant, rôde. Et avant la fin du film, ça ne ratera pas, d’un coup un monstre va surgir, avaler la petite fille, avant de disparaître aussi brusquement qu’il a surgi. Et tout sera calme de nouveau.

C’est ça pour moi La théorie du Panda. On s’attache a ses personnages quotidiens, on regarde Gabriel les aider, entrer dans leur vie, sans efforts, sans heurts, juste en étant là quand il faut, disponible et humain. Calme. On est sensible à leurs malheurs, on aime Gabriel pour les petits moments de bonheur qu’il sait leur procurer. Mais en même temps, il y a cette petite musique inquiétante. Pascal Garnier distille l’inquiétude, en même temps qu’il dévoile, peu à peu, les cauchemars de Gabriel. Et c’est au moment où l’on s’y attend le moins, bercé par la poésie de l’écriture, par la mélancolie d’une ville sous la pluie, par la beauté d’une éclaircie de chaleur humaine dans toute cette grisaille que … Ham, les mâchoires claquent.

Du très grand art. Très vite lu. Mais inoubliable.

Pascal Garnier / La théorie du Panda  Zulma (2008).

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commentaires

K
Je suis de plus en plus intriguée par Pascal Garnier, après plusieurs billets très élogieux...
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J
<br /> Je n'ai pas tout lu de Pascal garnier. Seulement Flux, L'A26 et ce dernier. Les trois sont remarquables.<br /> <br /> <br />
A
Je n'ai pas lu ce livre. Mais je suis d'accord. Pascal Garnier est l'un des auteurs les plus créatifs du roman noir français. Merci pour le conseil
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D
Salut,<br /> dites, je ne sais pas comment vous contacter. Je voulais vous proposez un échange de lien. Mais je n'arrive pas à mettre la main sur votre adresse mail...
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  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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