Je vais commencer par évacuer ce qui m’a agacé dans ce roman, d’autant plus que cela n’a rien à voir avec l’auteur ou le livre, seulement avec l’éditeur, Fayard Noir. Sur la quatrième de couverture, l’éditeur donc, non content de ne citer que les quatre romans de Ken Bruen publiés chez Fayard (en faisant donc l’impasse sur les deux séries Jack Taylor et R&B publiées à la série noire) écrit, en toute modestie, « Le meilleur roman de Ken Bruen ». J’ai trouvé ça agaçant et mesquin. Problème évacué.
London Boulevard est donc un roman … londonien de Ken Bruen, mais ne fait pas partie de la série R&B. Après trois ans de taule Mitch est libéré. Son copain Norton l'attend. Au programme : braquages, intimidations de mauvais payeurs, tabassages. Le tout au service du caïd local. Mais Mitch ne veut pas retourner en cabane. Alors en parallèle, il tente de trouver un travail légal, et de s'éloigner de son ancien monde. Il se retrouve homme à tout faire chez Lilian Palmer, ancienne star de théâtre, richissime, et complètement allumée. Il devient vite son amant. Le malheur est que ses deux mondes ne peuvent pas cohabiter, et que l'un comme l'autre le veulent tout entier …
Du pur Ken Bruen : style sec, phrases courtes, références littéraires permanentes. Même si Mitch n'est ni privé ni flic dans un quartier chaud, il est sans conteste un cousin de Jack Taylor et de Robert et Brant. Ken Bruen s'attaque à un grand classique du polar : La difficile, pour ne pas dire impossible réinsertion d'un taulard, mais, comme toujours le fait à sa sauce. Il rend hommage au cinéma noir et en particulier au magnifique Sunset Boulevard de Billy Wilder, ainsi qu'à ses écrivains préférés, de Harry Crews à Robin Cook en passant par James Sallis et George Pelecanos.
En bref, même sans ses personnages fétiches, Ken Bruen reste Ken Bruen , un grand du polar.
Ken Bruen / London Boulevard (London Boulevard, 2001), Fayard noir (2008). Traduction de l’anglais (Irlande) par Catherine Cheval et Marie Poux.