Malgré la rumeur persistante dans le monde du polar que Marcus Malte était le nouvel auteur à suivre, je ne l’ai découvert qu’avec Intérieur nord. Puis, comme beaucoup, j’ai été soufflé par Garden of Love.
Inutile de dire que j’étais désolé d’avoir raté ses premiers romans, et attendais avec impatience leur réédition. Or ne voilà-t-il pas que folio policier reprend justement Carnage, constellation, le roman qui a commencé à le faire connaître.
Et bien finalement, je suis plutôt content d’avoir commencé comme je l’ai fait. Parce que j’ai été un peu déçu par ce roman, et que j’aurais peut-être raté les suivants si j’avais commencé par celui-là.
Carnage, constellation c’est la rencontre entre Césaria, travesti au sourire d’ange, et Clovis, ex braqueur trahi, qui sort de taule avec une seule idée en tête : se venger de celui qui les a vendu. Malgré les réticences de Clovis, c’est immédiatement l’amour fou, dans lequel Césaria se jette à corps perdu. Jusqu’à la mort, la cavale, le drame.
Pourquoi ai-je été déçu alors que ce roman a été applaudi par tout le monde ? Voici une tentative d’explication.
Certes, c’est déjà magnifiquement écrit, Marcus Malte maîtrise déjà son art. Certes c’est noir.
Mais j’ai également trouvé que c’était juste un peu « trop ». Trop borderline, trop amour fou, trop amour maudit. A force de vouloir sortir à tout prix de la « norme », on finit par se trouver très près du cliché : le travesti à l’âme restée pure, le clodo un peu ours, intimidant mais intègre, le truand à la recherche de sa vengeance … Cela fait beaucoup de personnages un peu trop marqués, un peu trop utilisés par un certain roman noir français spécialisé dans les marges.
Le talent de Marcus Malte lui permet de rendre plausible cette histoire d’amour a priori impossible, mais, à force de chercher l’impossible justement, il en fait un peu trop, à mon goût. Il parvient à camper Césaria de telle façon que l’on pense à elle comme à une femme. C’est certainement un tour de force. Mais pas le genre de tour de force qui m’intéresse vraiment. Et puis, il faut bien l’avouer, les histoires d’amour … C’est pas mon truc. Aurais-je un cœur de pierre ?
Ses romans suivants arrivent à bouleverser en en faisant beaucoup moins, plus en finesse et en retenue. Je préfère.
J’attends avec impatience La part des chiens, à paraître prochainement chez Folio.
Marcus Malte / Carnage, constellation, Folio policier (2008).