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17 septembre 2008 3 17 /09 /septembre /2008 09:04

Un petit billet pour Jean-Michel qui craignait que je ne m’encroûte …

« Est-ce qu’il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits délégués par l’Etat, que nous fassions passer des concours bac +5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches  ?  »

Qui peut bien avoir dit ça à propos des institutrices de petite section de maternelle ? Hum ? Vous donnez votre langue au chat ? Vous n’osez pas y croire ? Et pourtant c’est bien lui, l’inénarrable ministre de l’éducation, le pontifiant, le suffisant mais pas nécessaire Xavier Darcos.

Forcément, vous croyez que j’invente. Donc allez là, sur le site de Rue89. Vous lirez l’article, et vous verrez la vidéo.

On savait déjà, grâce à notre Président, que pour inculquer des valeurs morales, le prêtre valait mieux que l’instituteur. On sait maintenant, grâce au ministre de l’éducation, que les institutrices de maternelles sont grassement payées (à cause du BAC +5), pour surveiller des sieste et torcher des culs.

Je commence à avoir un doute. Nos gouvernants auraient-ils une dent contre les enseignants ? Le petit Nicolas aurait-il été traumatisé par une maîtresse trop sévère au CP ? Ou alors, mais ce serait là une hypothèse digne des grands spécialistes du complot, nos gouvernants seraient-ils en train de déclarer que le chien à la rage pour faire accepter sa mise à mort ? Non. Pas ça. Ces attaques répétées ne peuvent pas avoir pour but de démanteler l’école publique au profit de systèmes privés ? Si ?

Mais revenons un peu à celui qui restera sans doute comme le plus pitoyable des ministres de l’éducation (sous le règne, il est vrai, du plus inculte des Président, l’un expliquant peut-être l’autre).

Tout petit déjà, alors qu’il n’était que professeur, Xavier Darcos avait une vision du métier et de sa déontologie fort en avance qui faisait la jalousie de ses collègues, et lui valu, en 1982, de se retrouver inculpé de fraude. Alors qu’il n’avait voulu que le bien de ses chers élèves, en leur faisant travailler, juste avant le BAC, un sujet fort proche de celui qu’il avait proposé pour l’épreuve à venir. Monsieur le futur ministre ne fut pas condamné mais … mais plus de 600 élèves de Périgueux durent repasser l’épreuve.

 
Puis le futur grand vint s’ennuyer au Lycée Montaigne à Bordeaux, où il eut la dure tâche de dégoutter à jamais de la littérature les élèves des prépas scientifiques (dont ma pomme). Là encore il échoua puisque je survécus au traumatisme. Il est vrai qu’en réaction je plongeai dans le polar qui est, comme chacun le sait, une sous littérature. Je me souviens d’un professeur pas franchement passionnant mais extrêmement content de lui.

Cette expérience éprouvante est à l’origine de son rejet total de toute science, de la plus complexe (il n’a pas du tout participé par exemple au débat sur le risque de créer un trou noir à Genève), à la plus simple, comme l’a prouvé, il y a quelques mois, son noble refus de salir ses mains et se neurones en faisant une bête règle de trois.

Résumons : Comme pédagogue, monsieur Darcos était, au mieux, quelconque (expérience personnelle). Sa probité a été loin de faire l’unanimité (voir son inculpation). Il est incapable de résoudre un problème de mathématique qu’il considère pourtant comme de niveau de CE2 (voir la vidéo). On se demande d’ailleurs comment, sans maîtriser une règle de trois, il peut calculer les économies que ses suppressions de postes vont générer. Il n’a aucune idée du rôle d’une partie importante des fonctionnaires dont il a la responsabilité, mais, par principe, il méprise leur travail (voir Rue89).

Conclusion : Combien de temps encore va-t-on devoir (et pouvoir) supporter la morgue de cet individu ?

Conclusion bis : Jamais un ministre de l’agriculture et/ou de la pêche ne se permettrait ce genre de déclaration sur ses administrés. Peut-être la crainte de voir son bureau envahi d’œufs pourris ou de maquereaux pas frais y est-elle pour quelque chose. Pourrais-je, modestement, suggérer aux enseignants de déverser, lors de leur prochaine manif, des tombereaux de couches sales dans le bureau de Sa Suffisance ?

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commentaires

M
bah, tu pourrais lire au moins la fin. A partir de la page 93. On a un résumé des programmes. ça dit déjà tout. Comment réveiller la société civile? Les soutanes gagnent tout. A Montpellier l'évêque s'est opposé au soutient scolaire le mercredi matin... caté oblige! résultat les gamins qui ont besoin de soutient se farciront une heure de plus par jour que les autres! tout est comme ça. Edifiant. Alors que faire?
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D
Merci de partager votre expérience du soldat Darcos. J'avais apprécié votre commentaire sur le site rue89, mon amie a eu les larmes aux yeux en entendant ce zozo débiner son boulot harassant mais passionnant.<br /> Le peu de soutien officiel aux instits est encore plus cruel et inquiétant !<br /> Mais bon, on ne peut pas caresser des soutanes et défendre des instits (il paraît qu'ils sont moins bons pour la transmission des valeurs)
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J
<br /> Dans une société responsable ce genre de propos devrait mettre tout le monde dans la rue. On peut toujours rêver.<br /> <br /> <br />
M
les instits sont usés par tant d'attaques. Leurs journées de grève de l'année 2008 n'ont été relayées dans les médias que comme revendication corporatiste pour des salaires... et non comme une défense des enfants, en réaction aux nouveaux programmes et horaires. Le gouvernement casse l'Ecole publique. Avez-vous essayé de lire le petit livre des programmes que Darcos préface et a fait distribuer à toutes les familles du Primaire? Imbitable (pardon!). Il faut un relais de la société civile et des parents pour aider les professeurs des écoles. Et nos enfants...
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J
<br /> J'avoue que, ayant indentifié que le petit livre venait de notre grand ministre, j'ai fait l'impasse. Ai-je eu tord ?<br /> <br /> <br />
P
j'avais vu cette distrayante video, que j'ai fait suivre à l'instit (pardon : professeur des écoles) de mes petits. Elle en a été enchantée. Tout un poème ce Darcos. <br /> Ceci dit, les approximations du ministre (les couches, bac+ 5...) n'ont sans doute rien de fortuit. On désigne la prochaine cible. Faut bien les trouver, les quelques milliers de postes à supprimer.<br /> Et ça ne fera que renforcer un autre aberration : l'école n'est obligatoire qu'à 6 ans (bientôt interdite avant ? Pas pour les riches, quand même), mais le cycle d'apprentissage de la lecture, c'est 5-6 ans (grande section+CP).<br /> Donc, bientôt, l'apprentissage de la lecture devrait être facultatif.<br /> Je vais plutôt aller lire "la saison des massacres", tiens, puisqu'on en parle.
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J
<br /> J'ai pensé comme toi dans un premier temps : Ce n'est pas fortuit, c'est voulu. Puis je me suis aperçu que c'est la vidéo d'un échange entre ministre et sénateurs, pas forcément prévu pour être<br /> communiqué. Je pense donc maintenant que c'est juste que là, ils sont entre eux, ils se lâchent et disent ce qu'ils pensent vraiment.<br /> Mais je peux me tromper.<br /> <br /> <br />
M
Claude Allègre lui a tracé le chemin, pour débiner les fonctionnaires dont il avait la charge! <br /> Ce qui est incroyable, c'est qu'on ne les briefe pas un tantinet, les ministres. Car le problème, en France, c'est justement que les crèches déposent les mômes sur le trottoir la veille de leurs 3 ans. L'école doit prendre le relais, mais va-t-on scolariser un enfant entre février et juin? Il aurait du mal à comprendre le film, le pauvre...et surtout, pression des parents, la crèche coûte cher.<br /> Entrent donc en maternelle des petits bouts de chou de moins de 3 ans, du moins à la rentrée scolaire de septembre. Forcés, contraints, obligés par décret d'être "propres": Car exeunt les couches, qui sont totalement INTERDITES à l'école, une interdiction qui n'empêche pas quelques accidents pendant la sieste et autres.. lapsus (au sens étymologique de "chute") dont celui-ci ministériel.<br /> Or cette obligation imposée vient parfois trop tôt par rapport à la maturité de ces enfants à qui on impose un calendrier débile, comme on impose à leurs enseignants de jouer un rôle qui n'est pas le leur et pour lequel d'ailleurs, ils ne sont en effet pas formés.<br /> <br /> (pardon pour le latin, j'ai mis la dose, mais quand on parle de couches tout le monde vous prend pour BAC moins 10...)
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J
<br /> C'est vrai que Allègre fut un précursuer. Avec une légère nuance, qui a tout de même son importance. Allègre fustigeait quelques comportements réels mais très marginaux, en fasiasnt croire au bon<br /> peuple que c'était là la norme.<br /> Darcos lui, affiche un mépris confondant pour ce qui est l'essence même du métier.<br /> Métier dont, par ignorance, arrogance, mépris, inculture, incapacité ... Rayez les metions inutiles, s'il y en a , il ignore tout.<br /> C'est à se demander comment un ancien prof, père de trois enfants, ayant, a priori vécu une vie "normale" avant de devenir un Grand Politique, peut à ce point être décorrélé de la vie de tous les<br /> jours, de ce qu'ont vécu ses propres enfants, de ce que faisaient ses propres collègues.<br /> <br /> <br />

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