Un petit billet pour Jean-Michel qui craignait que je ne m’encroûte …
« Est-ce qu’il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits délégués par l’Etat, que nous fassions passer des concours bac +5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ? »
Qui peut bien avoir dit ça à propos des institutrices de petite section de maternelle ? Hum ? Vous donnez votre langue au chat ? Vous n’osez pas y croire ? Et pourtant c’est bien lui, l’inénarrable ministre de l’éducation, le pontifiant, le suffisant mais pas nécessaire Xavier Darcos.
Forcément, vous croyez que j’invente. Donc allez là, sur le site de Rue89. Vous lirez l’article, et vous verrez la vidéo.
On savait déjà, grâce à notre Président, que pour inculquer des valeurs morales, le prêtre valait mieux que l’instituteur. On sait maintenant, grâce au ministre de l’éducation, que les institutrices de maternelles sont grassement payées (à cause du BAC +5), pour surveiller des sieste et torcher des culs.
Je commence à avoir un doute. Nos gouvernants auraient-ils une dent contre les enseignants ? Le petit Nicolas aurait-il été traumatisé par une maîtresse trop sévère au CP ? Ou alors, mais ce serait là une hypothèse digne des grands spécialistes du complot, nos gouvernants seraient-ils en train de déclarer que le chien à la rage pour faire accepter sa mise à mort ? Non. Pas ça. Ces attaques répétées ne peuvent pas avoir pour but de démanteler l’école publique au profit de systèmes privés ? Si ?
Mais revenons un peu à celui qui restera sans doute comme le plus pitoyable des ministres de l’éducation (sous le règne, il est vrai, du plus inculte des Président, l’un expliquant peut-être l’autre).
Tout petit déjà, alors qu’il n’était que professeur, Xavier Darcos avait une vision du métier et de sa déontologie fort en avance qui faisait la jalousie de ses collègues, et lui valu, en 1982, de se retrouver inculpé de fraude. Alors qu’il n’avait voulu que le bien de ses chers élèves, en leur faisant travailler, juste avant le BAC, un sujet fort proche de celui qu’il avait proposé pour l’épreuve à venir. Monsieur le futur ministre ne fut pas condamné mais … mais plus de 600 élèves de Périgueux durent repasser l’épreuve.
Puis le futur grand vint s’ennuyer au Lycée Montaigne à Bordeaux, où il eut la dure tâche de dégoutter à jamais de la littérature les élèves des prépas scientifiques (dont ma pomme). Là encore il échoua puisque je survécus au traumatisme. Il est vrai qu’en réaction je plongeai dans le polar qui est, comme chacun le sait, une sous littérature. Je me souviens d’un professeur pas franchement passionnant mais extrêmement content de lui.
Cette expérience éprouvante est à l’origine de son rejet total de toute science, de la plus complexe (il n’a pas du tout participé par exemple au débat sur le risque de créer un trou noir à Genève), à la plus simple, comme l’a prouvé, il y a quelques mois, son noble refus de salir ses mains et se neurones en faisant une bête règle de trois.
Résumons : Comme pédagogue, monsieur Darcos était, au mieux, quelconque (expérience personnelle). Sa probité a été loin de faire l’unanimité (voir son inculpation). Il est incapable de résoudre un problème de mathématique qu’il considère pourtant comme de niveau de CE2 (voir la vidéo). On se demande d’ailleurs comment, sans maîtriser une règle de trois, il peut calculer les économies que ses suppressions de postes vont générer. Il n’a aucune idée du rôle d’une partie importante des fonctionnaires dont il a la responsabilité, mais, par principe, il méprise leur travail (voir Rue89).
Conclusion : Combien de temps encore va-t-on devoir (et pouvoir) supporter la morgue de cet individu ?
Conclusion bis : Jamais un ministre de l’agriculture et/ou de la pêche ne se permettrait ce genre de déclaration sur ses administrés. Peut-être la crainte de voir son bureau envahi d’œufs pourris ou de maquereaux pas frais y est-elle pour quelque chose. Pourrais-je, modestement, suggérer aux enseignants de déverser, lors de leur prochaine manif, des tombereaux de couches sales dans le bureau de Sa Suffisance ?