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29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 21:10

Est-il utile de résumer ici l’intrigue de Shutter Island ? Non.

Voici donc, dans la collection Rivages/Casterman/Noir une nouvelle adaptation, et non des moindres, celle du chef  d’œuvre de Dennis Lehane. Face à un tel défi, j’étais à la fois admiratif et dubitatif. Etrangement, ces deux sentiments persistent à la lecture de l’ouvrage.

Tout ce qu’en dit Jeanjean sur son blog Moisson Noire est exact. Les couleurs, le découpage, les clairs-obscurs, l’alternance ce cases sombres et de cases plus lumineuses  … Toute l’illustration est magnifique, et en accord parfait avec l’histoire. Le scénario, très fidèle au texte d’origine, arrive à résumer tout en gardant l’essentiel d’une histoire pourtant complexe, où le moindre détail peut se révéler d’une importance capitale. Je ne vois aucun défaut, et je suis vraiment admiratif devant ce travail d’adaptation.

Mais je reste un peu dubitatif. Parce que malgré ses immenses qualités, je n’ai pas retrouvé l’émotion de la lecture du roman. Je n’ai pas retrouvé l’angoisse, la fébrilité, cette excitation qui fait tourner les pages, de plus en plus vite, tout en faisant regretter que cela s’arrête.

Sans parler du choc monumental de la fin du roman, qui de toute façon n’aurait pas été là non plus à la relecture du roman.

J’avais l’impression que Shutter Island était inadaptable. J’avais tord, le résultat est superbe, mais pas complètement, parce que, de mon point de vue, quelque chose c’est quand même perdu en route. Inutile de dire que je suis également admiratif et dubitatif en attente de l’adaptation que nous prépare Scorcese …

A propos des adaptations BD de la série … Celles de Jim Thompson et Pierre Pelot sont parfaites. Mais je résiste pour l’instant à lire de Donald Westlake. Une grande partie de l’humour de la série Dortmunder, pour moi, réside dans l’économie de moyen dans les descriptions, dans l’équilibre entre ce qui est dit, décrit, et ce qui est omis mais que le lecteur complète, à sa façon. De ce manque, de ce léger décalage temporel entre ce qu’on lit, et ce qu’on imagine et comprend naît le rire. J’ai l’impression que le dessin doit, obligatoirement, faire basculer l’équilibre, montrant bien plus que ce que suggère le texte, détruisant ainsi une bonne partie du ressort comique.

Mais peut-être est-ce que je me trompe …

Jim Thompson , Christian de Metter (adaptation) / Shutter Island, Rivages/Casterman/Noir (2008).

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commentaires

B
Je n'ai malheureusement pas lu le roman de Lehane mais j'ai beaucoup apprécié cette BD de De Metter dont j'avais déjà lu L'Oeil était dans la tombe (qui m'avait particulièrement emballée)
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J
<br /> Même en connaissant l'histoire, je pense que cela vaut la peine de lire le roman.<br /> <br /> <br />
S
J'ai vraiment aimé cette adaptation. Cependant je crois qu'une des choses qui manque pour une réussite totale, c'est la tempête. On ne la "sent" pas dans les planches de cette BD. C'est peut-être ça qui fait qu'on vit moins l'histoire de l'intérieur de l'île.
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J
<br /> C'est une des raisons, et on sent moins aussi, la paranoïa du personnage, ou du moins, on la sent moins sur la durée.<br /> <br /> <br />
P
bonjour,<br /> j'ai beaucoup aimé le roman et je trouve que la BD est une véritable réussite. Mais à l'impossible nul n'est tenu et De Metter et avec des dessins ne pouvait imiter le final du livre. Il y a nécessairement une distance plus grande avec la BD.
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J
<br /> Tout à fait d'accord avec vous. A l'impossible nul n'est tenu, mais on a là le meilleur résultat auquel on pouvait arriver.<br /> <br /> <br />
A
Je viens de la lire aussi et je suis assez emballé comme par "Sur les quais". Le projet est super et peut attirer un autre type de lecteurs.
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J
<br /> J'ai beaucoup aimé Sur les quais (à venir ici, quand j'aurais trouvé quoi en dire), mais là je n'ai pas la référence du bouquin, seulement du film, et il y a très très longtemps.<br /> Tu as raison, cela va sans doute toucher d'autres lecteurs, et si je n'avais pas lu le roman, je n'aurais aucune raison d'être déçu. Le malheur est que le roman est trop extraordinaire, et je ne<br /> vois pas comment y apporter quelque chose qui n'y soit déjà.<br /> <br /> <br />

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