Décidément le polar scandinave est riche. Voici un petit nouveau, découvert par Rivages : Theodor Kallifatides, que la quatrième de couverture présente comme un écrivain et poète suédois d’origine grecque, écrit avec Juste un crime, son premier polar.
Dans un lac proche de Stockholm, un sac plastique contenant le corps d’une jeune femme est trouvé par deux pêcheurs à la fonte de la glace. Kristina Vendel en charge de l’enquête avec sa petite équipe, n’a pas grand-chose à quoi se raccrocher. Aucune disparition n’a été signalée, et la morte n’a rien sur elle qui permette de l’identifier. Juste une croix orthodoxe autour du cou. Alors crime lié à la nouvelle mafia des pays de l’est ? Vengeance ? Crime passionnel ?
La quatrième de couverture en appelle aux glorieux anciens, Maj Sjöwall et Per Wahlöö. Et c’est vrai que leur héritage est sensible. C’est un policier procédural, mettant en scène d’une petite équipe de flics dont l’auteur décrit autant la vie quotidienne que le travail, qui utilise la trame policière comme un prétexte pour dépeindre la réalité sociale (ou une part de la réalité sociale) du pays. On sent que l’on a là, potentiellement, le début d’une série.
Mais s’il est prometteur et pas désagréable à lire, ce premier polar n’est pas totalement convainquant. L’intrigue souffre d’approximations et de coïncidences un peu trop flagrantes pour le genre (car le style procédural requiert, pour être crédible, une grande rigueur dans le déroulement de la narration et de l’enquête policière). Mais surtout, on se demande par moment ce qu’il apporte de plus, par rapport aux nombreux ouvrages déjà construits sur ce modèle. Les personnages sont bien trouvés, mais pas toujours exploités autant qu’ils le pourraient. La peinture de la société suédoise survole un certain nombre de problèmes sans vraiment aller au fond d’aucun. Le lecteur s’intéresse aux personnages, sans réellement arriver à se passionner à leur sort …
Bref, si on ne s’ennuie pas, ce n’est pas non plus l’enthousiasme. Un impression mitigée revue à la hausse à la fin du roman grâce à un final bien ficelé qui arrive à faire monter la tension et l’émotion. Reste à voir, si c’est bien le début d’une série, comment elle va évoluer. Je serais curieux de lire d’autres avis …
Theofor Kallifatides / Juste un crime (Ett enkett brott, 2004), Rivages/Thriller (2008), traduit du suédois par Benjamin Guérif.