Après Le temps de la sorcière, revoilà Einar, journaliste et ancien alcoolique, envoyé dans le nord de l’Islande par son journal. La petite ville où il est exilé connaît son week-end de folie, la grande fête des commerçants, beuverie ininterrompue de quelques jours où l’on accourt de tout le pays. Cette année, il y a une attraction supplémentaire : Hollywood et deux de ses stars débarquent, pour préparer le tournage d’une série télévisée. Au lendemain de la fête, le constat est le même, sinon pire que celui de l’année suivante : des tonnes de déchets, agressions, violences, viols … Plus un meurtre, celui d’une jeune fille, retrouvée dans la maison abandonnée qui doit servir de lieu de tournage à la série. Einar s’intéresse de près à cette affaire, aiguillonné par une mystérieuse correspondante qui semble en savoir long sur ce qu’il c’est passé …
Le temps de la sorcière ne m’avait pas totalement convaincu. Voilà ce que j’ai dans mes notes à propos du roman précédent d’Arni Thorarinsson : On va forcément comparer avec Indridason. Et c’est là que le bât blesse. Thorarinsson n’évite pas certaines longueurs, maîtrise moins bien que son compatriote le rythme du récit, et d’un autre côté, n’arrive pas à rendre ses personnages aussi émouvants que ceux d’Indridason. Du coup, par moment, l’attention se relâche, et on n’est pas vraiment touché par ce qui arrive aux personnages.
Toutes ces réserves tombent avec Le dresseur d’insectes. C’est toujours lent, Thorarinsson prend toujours le temps d’installer son histoire, ses personnages, mais il n’y a pas de longueurs et on ne s’ennuie jamais. L’humour du journaliste fait mouche. Les personnages que ce soit Einar, ses collègues ou le commissaire de la ville, prennent de l’épaisseur. Et surtout, les nouveaux venus sont très présents et très attachants. Le destin des deux victimes (oui vous verrez il y a deux victimes) est décrit avec une humanité qui le rend poignant.
Le tableau d’une Islande complexée face à l’étranger, et surtout face aux US est à la fois drôle et émouvant, les luttes entre les forces du fric et les quelques journalistes qui ont encore un minimum de morale sont parfaitement rendues, et le tableau de la ville submergée par des hordes alcoolisées est criant de vérité (et vous pouvez en croire un ex habitué des fêtes de Bayonne !). Bref, on a là un très bon roman noir qui dégage une véritable émotion.
Arni Thorarinsson / Le dresseur d’insectes (Dauði trúðsins, 2007), Métailié/Noir (2008), traduit de l’isalndais par Eric Boury.