Pour une fois, Parker n’a pas choisi lui-même ses coéquipiers. Résultat, il se retrouve en taule en attente de jugement. Pressé de sortir de là, il s’associe avec deux codétenus pour s’évader. Mais leur aide, et celle de leurs complices à l’extérieur a un prix : Il doit participer à un coup dans la ville. Un coup qu’il ne sent pas, un coup qu’il n’a pas préparé. Un coup qui, bien entendu, tourne mal …
C’est certain, ce n’est pas le meilleur Parker. Etrangement, on a presque l’impression de voir Parker embarqué dans un scénario Dortmundérien où chaque nouveau mouvement pour se sortir de la mouise ne fait que le précipiter dans une mouise encore plus grande. Du coup le scénario est moins dense que dans ses meilleurs épisodes.
Mais c’est quand même un Parker, dans la narration, et dans le style. Ce qui est synonyme de grand, très grand plaisir de lecture. Car le personnage est immuable, imperturbable, granitique, d’une efficacité totale, économe en mots et en actes … Et Richard Stark (alias Westlake comme tout le monde le sait) a poli son style au fil des épisodes, le rendant aussi tranchant que son personnage. Toutes les scènes dans lesquelles se trouve Parker sont d’une précision et d’une limpidité parfaites. Impossible d’en retirer une phrase, un mot, une ponctuation, sans en amputer le sens.
C’est amusant que ce billet succède à celui sur Gonzalez Ledesma, car les deux romans sont exactement contraires. Là où Francisco Gonzalez Ledesma utilise l’histoire pour faire passer ses sentiments, ses émotions, ses analyses historiques et philosophiques, Richard Stark bannit totalement les émotion, les sentiments, la psychologie. Au lyrisme nostalgique dans les descriptions de l’un répond l’action pure comme le diamant, qui claque sèche comme un coup de trique de l’autre. Deux régals de lecture, aussi différents qu’on puisse l’être.
Bravo à Emmanuel Pailler pour la traduction.
Richard Stark / Breakout (Breakout, 2002), Rivages/Thriller (2008), traduit de l’américain par Emmanuel Pailler.