Dernièrement ce n’étaient pas des nouvelles joyeuses qui nous arrivaient d’Italie. Gomorra et l’enfer de la camorra, la réélection de Berlusconi, corruption, trafic de déchets toxiques … Mais hier soir, ce sont deux heures de bonheur qui se sont invitées du côté de Toulouse, grâce par deux italiens et leurs complices : Stefano di Battista (saxophones), Fabrizio Bosso (trompette), Baptiste Trotignon (orgue hammond) et Greg Hutchinson (batterie) étaient en concert à Odyssud ce samedi soir.
J’ai quelques disques avec di Battista, je savais donc un peu à quoi m’attendre de sa part. Je ne connaissais par contre pas du tout son trompettiste. Dire qu’il m’a espanté est un doux euphémisme ! Cela faisait très longtemps que je n’avais pas entendu un trompettiste qui fasse autant grogner, râler, feuler … son instrument. A ce niveau, ce n’est plus un instrument en cuivre, c’est juste un accessoire pour amplifier la voix humaine tant elle « dit » ce que Bosso veut. Ce qui ne l’empêche pas d’afficher également une virtuosité et une dextérité qui ne rend pas une double croche à di Battista. De la haute voltige, tempo d’enfer, et alternance impeccable de longues notes gueulées et travaillées et d’envolées affolante de technique.
Il suffit de dire de Stefano di Battista n’était jamais en reste, et répondait point par point à ce phénomène pour donner une idée du concert. Les deux se sont révélés particulièrement impressionnants dans les conclusions de certains morceaux, moments de pure magie, où on ne savait plus lequel des deux exposait le thème et lequel brodait autour tant les deux voix se tournaient autour, s’emmêler, se répondaient, sans jamais nuire à la clarté de la mélodie ou du rythme. A croire que l’on était en présence d’une seule créature, dotée de deux corps, deux instruments, mais d’une seule conscience, d’une seule idée, parfaitement claire, de la musique à jouer. Quasi miraculeux !
Inutile de dire que cela n’était possible que parce que derrière, les deux autres tenaient la baraque. Baptiste Trotignon impérial, dans le rôle difficile de l’organiste qui doit jouer deux rôles : celui du bassiste, qui assure les fondations avec son compère batteur, et du pianiste (ou guitariste) qui définit l’harmonie. Certes, sur les chorus, il pouvait paraître un peu plus effacé que les deux phénomènes, mais il leur a fourni, tout au long du concert, un vrai fauteuil pour briller. Et Greg Hutchinson aux dires de di Battista, il découvrait ce jour là les morceaux et le groupe. Et il s’agissait quasiment uniquement de compositions originales. Un gros matou, ronronnant, aux coups de pates fulgurants, qui finissait tous les morceaux avec un sourire radieux qui disait, si besoin était, le pied qu’il prenait ce soir là.
Et nous donc ! Si par hasard ces quatre là passent vers chez vous, et s’il reste des places, allez vous payer deux heures de bonheur made in Italy.
Stefano di Battista (saxophone)
Baptiste Trotignon (orgue Hammond B3)
Fabrizio Bosso (trompette)
Greg Hutchinson (batterie)