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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 22:16

Contrairement aux apparences, Olen Steinhauer n’est ni hongrois, ni roumain, ni même thèque ou bulgare. Il est américain, pur jus, mais a vécu en Europe de l’est. Il vit aujourd’hui à Budapest.

1956, dans la Capitale d’un pays du bloc communiste. En URSS, le congrès du PCUS commence à critiquer ouvertement Staline. En Hongrie et en Pologne, des mouvements de contestation de l’emprise soviétique s’expriment dans la rue. A la Capitale, c’est l’attente, alors que les prisonniers politiques des dernières années sont tous libérés. C’est dans ce contexte incertain que l’inspecteur Kolyeszar est amené à enquêter sur un meurtre particulièrement barbare : le corps calciné d’un homme a été trouvé dans une maison abandonnée. Avant d’être brûlé vif, il avait eu les bras et les jambes attachés, puis brisés. L’enquête avance lentement, d’autant plus que l’inspecteur est sans cesse occupé ailleurs et commence à se poser des questions sur son rôle : réprimer un manifestation de toute évidence initiée par des agitateurs, retrouver la femme d’un membre éminent du parti, ou comprendre ce que fait là le nouvel inspecteur envoyé par Moscou. Kolyeszar va d’autant plus mal que son mariage prend l’eau, et qu’il n’arrive pas à écrire son deuxième roman.

Après Cher camarade, revoici la brigade criminelle de la Capitale, dix ans plus tard. L’originalité d’Olen Steinhauer, outre de situer ses romans en Europe communiste du temps de la guerre froide, est de changer, à chaque roman, de protagoniste principal. Il enrichit ainsi considérablement ses personnages en confrontant, d’un roman à l’autre, la vérité d’un personnage à la vision qu’en ont ses collègues. Le lecteur doit s’attendre, à chaque nouvel épisode, à voir ses certitudes ébranlées et ses jugements remis en question, dans un contexte où les flics de la brigade se connaissent peu ou mal, et se méfient les uns des autres. Ainsi le salaud, le traître du roman précédent peut devenir le personnage central qui se révèle bien différent, et dont on découvre, de l’intérieur, les motivations, les forces et les failles. Une raison suffisante pour lire toute la série.

Mais ce n’est pas tout. Ses romans sont aussi de vrais bons polars, avec une intrigue solide et un bon suspense qui fait tourner les pages. Le rythme et le style rendent palpables l’ambiance d’une époque, les espoirs, les peurs, les pesanteurs et les traumatismes. Des romans qui présentent bien entendu l’intérêt de se situer dans un territoire méconnu, terrain de fantasmes, lieu de toutes les abominations pour les uns, de toutes les réussites pour les autres.

Or, en bons vrais polars, si la description de la réalité politique est la toile de fond incontournable du récit, les ressorts de l’intrigue sont, comme partout, les passions humaines, les incontournables et internationales passions humaines. Le contexte politique ne change que la façon de les assouvir. C’est sans doute là que réside le secret de la réussite de cette série, c’est là qu’elle s’ancre, c’est aussi cela qui fait que c’est une œuvre littéraire à part entière, et pas seulement la description journalistique ou historique d’un lieu et d’une époque.

Les deux ouvrages suivants sont déjà publiés chez Liana Levy.

Olen Steinhauer / Niet Camarade (The confession, 2004), folio policier (2008), traduit de l’américain par Françoise Bouillot.

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commentaires

M
Désolé pour cette confusion, c'est le premier (cher camarade) que j'ai apprécié, le second m'a semblé moins bien ficelé
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J
<br /> Disons que le second ne bénéficie plus de l'effet de surprise, et que sa construction est un peu plus brouilone que celle du premier. Mais je l'ai également beaucoup aimé, et comme je l'écris, j'ai<br /> beaucoup aimé cette idée de changer de personnage principal au sein d'une même brigade. Si j'ai bien compris, le suivant est l'affreux qui a l'air de sruveiller tout le monde.<br /> <br /> <br />
M
Celui-ci est bon, le second ne m'a pas convaincu ! j'attends ton avis.
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J
<br /> Niet camarade est le second, le premier c'est cher camarade, qui se déroule en 1946 juste après la fin de la guerre. C'est lequel qui ne t'a pas plu.<br /> <br /> <br />

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