Fin XIX°, Paris. Un jeune viennois nommé Freud suit passionnément les cours ébouriffants du professeur Charcot. Il se rapproche du maître quand plusieurs personnes de son entourage sont assassinées de façon spectaculaire. La même mise en scène se répète d'un meurtre à l'autre. Avec ses amis Jacob et Rachel ils vont affronter ce qu'on n'appelle pas encore un tueur en série.
2008, Toulouse. Lors d'un congrès de psychanalyse fort médiatique, un participant très en vue est retrouvé assassiné. Anne, l'ex épouse d'Antoine Le Tellier est la première sur les lieux. Choquée par la scène, elle est encore plus secouée quand elle reçoit anonymement des carnets, écrits par un proche de Freud, qui décrivent les meurtres auxquels fut confronté le maître. Plus de 100 ans plus tard, l'histoire paraît se répéter ; Anne, Antoine et leur ami Sami Dayan vont affronter un nouveau tueur qui semble s'inspirer du passé.
Après Petits arrangements avec l'infâme, revoici Antoine Le Tellier, le psy beau gosse à la Porsche. Une suite dans le droit fil du premier épisode. Les amateurs de noir pur et dur vont reprocher une fois de plus à Patricia Parry d'être trop gentille avec ses personnages : Tous s'en sortent (sauf les méchants), sans de vrais dommages. Un peu de peur, pas de mal, et un happy end. Quand on est habitué aux Jack Taylor, Shugrue ou Harry Hole, il est vrai que le séduisant Antoine est un peu lisse : pas de bosses, jamais HS, souvent secoué ou inquiet, mais tout s’arrange toujours. Mais c’est comme ça, Patricia Parry n’est pas méchante et ne veut pas cabosser son Antoine !
Ceci dit, son talent est ailleurs. Dans sa façon de mêler passé et présent (comme dans l'épisode précédent), dans son sens de la construction et du rythme. Une fois de plus, difficile de refermer le bouquin une fois que l'on a attaqué le sprint final. Les allers-retours entre les deux époques fort bien maîtrisés donnent un excellent rythme au récit. De toute évidence, Patricia Parry a lu les grands maîtres de la littérature populaire (et en particulier les feuilletonistes), et a parfaitement compris et intégré leur technique imparable de récit : le héros est suspendu au bord de la falaise, ou horrifié devant le spectacle découvert en ouvrant la porte interdite et … on passe à autre chose laissant le lecteur dans un état de fébrilité avancé …
En prime on a aussi droit à une visite de la naissance de la psychanalyse qui est loin d'être inintéressante pour l'ignare moyen, moi par exemple. Et à la description sans complaisance, mais non sans humour, du petit (mais influent) monde de la psychanalyse et de la psychiatrie. Un milieu qui, sous la plume fort bien renseignée de l’auteur, ressemble à un beau nœud de serpents !
Patricia Parry / Cinq leçons sur le crime et l’hystérie, Seuil (2008).