Désolé d’avoir un peu négligé le blog, mais la fin d’année est particulièrement dense et pour arranger les choses, j’ai plusieurs fers au feu … En attendant les festivités, espérées par les uns, redoutées par les autres, et en particulier par les canards occitans, voici de quoi se gondoler un peu :
Thomas a quitté l’Indiana et sa petite ville où sa vocation d’écrivain n’aurait pas pu s’épanouir. A San Francisco il espère connaître toutes les expériences dont il a besoin pour son œuvre. Il va être servi, au-delà de ses espérances. Dès la première semaine, Jody, flamboyante rousse lui tombe dans les bras. Certes elle a quelques bizarreries, mais Thomas est éperdument amoureux. Et puis qu’est-ce qu’un plouc comme lui peut savoir des habitudes des dames sophistiquées de la grande ville ? Or il se trouve que Jody est vraiment … à part.
Deux jours auparavant elle a été mordue par un vieux vampire de 800 ans qui cherchait de la compagnie, et elle a besoin d’aide. D’autant plus que le vampire après avoir un peu joué avec elle compte bien la renvoyer à son statu de mortelle … morte. Avec l’aide des Animaux (les membres de son équipe de nuit dans un super marché), et de l’Empereur de San Francisco (que l’on retrouvera dans Le sot de l’ange), Thomas va voler au secours de la belle, quoi qu’il lui en coûte.
Les dents de l’amour, enfin traduit en français, est un des premiers romans de Christopher Moore. Un roman où se manifeste déjà tout le talent que lui connaissent les lecteurs d’Un blues de coyote ou du Lézard lubrique de Melancholy Cove. On trouve déjà son humour dangereux pour le lecteur qui risque de se faire regarder bizarrement quand il éclate de rire dans le métro, le bus, ou la salle d’attente du médecin.
On trouve son imagination délirante, et sa façon de rendre cohérent, l’espace d’un roman, un monde en apparence familier soudainement envahit par un lézard lubrique, une chauve-souris qui collectionne les lunettes de soleil, un archange complètement con ou, comme ici, un vieux vampire qui s’emmerde et sa très féminine élève.
Ici aussi (ou plutôt ici déjà), ça marche, et ça marche même parfaitement. On tremble pour Jody et Thomas, on rit beaucoup, on s’émeut avec le très beau personnage de clochard de l’Empereur, on sourit aux déconvenues de Thomas, et aux bêtises des Animaux … Et mine, de rien, on se passionne pour l’histoire. Un grand Christopher Moore, d’emblée.
Christopher Moore / Les dents de l’amour (Bloodsucking fiends, 1995), Calmann Lévy (2008), traduit de l’américain par Luc Baranger.
PS. Les hasards de l’édition et de la traduction sont très vampiriques ! Après Vargas et Ledesma, c’est donc au tour de Moore de s’y coller.