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9 décembre 2008 2 09 /12 /décembre /2008 23:07

Comme je l’écrivais hier, j’avais plusieurs fers au feu, l’autre était un pur chef-d’œuvre, une merveille, d’un génie qui en a produit quelques-unes. Je suis peut-être un peu excessif, mais je ne crois pas … Il s’agit du 9° volume de Sandman, la géniale création de Neil Gaiman. Ca s’appelle Les bienveillantes.


Commençons par un mea culpa : Les lecteurs habitués et attentifs remarqueront certainement que j’ai parlé du Sandman 7, que je cause ici du 9, et qu’il manque donc le 8. C’est tout bêtement parce que je ne l’ai pas vu sortir, mais je vais, très rapidement, combler cette lacune.


A ceux qui pourraient s’étonner que la lecture d’une BD prenne du temps, il faut préciser, tout de suite, que Sandman de Neil Gaiman, ce n’est pas Titeuf ou Astérix. Comme certaines œuvres de l’autre anglais génial (à savoir Alan Moore), ce sont des BD longues (beaucoup de pages), très denses, avec un texte extrêmement riche. Des BD, des romans graphiques, qui se lisent lentement, sur plusieurs jours. Et qui se relisent parce qu’on laisse, forcément, passer pas mal de choses à la première lecture.


Dream (alias Sandman, alias Morphée, alias …) est l’un des sept éternels, plus anciens et plus puissants que les Dieux. Il est le maître du monde des rêves (et bien entendu des cauchemars). Dans son palais on croise Caïn, un bibliothécaire qui veille sur tous les livrer qui auraient pu être écrits, une citrouille d’halloween mal embouchée, une corneille philosophe et bien d’autres personnages.


Sur Terre, quelque part aux USA, une jeune femme dont le bébé a été enlevé et tué sombre dans la folie et jure de se venger du père de l’enfant, qu’elle croit être le meurtrier, Dream. Elle va aller solliciter les Bienveillantes, en d’autres temps connues comme les Furies, ou les Erinyes … ce sont les vengeresses, celles qui viennent punir ceux qui ont versé le sang de leur sang. Elles obéissent à des lois qui pourraient se révéler plus fortes que Morphée lui-même. Une confrontation commence, où les protagonistes sont nombreux, de Satan aux Dieux scandinaves, des gorgones à une sorcière grecques … Le temps est venu pour Dream d’expier la mort de son vrai fils … Orphée.


Nul comme Neil Gaiman ne saurait intégrer autant de références mythologiques sans donner l’impression de faire un inventaire, de frimer et d’étaler sa culture. Cela pourrait être lourd, pédant et pompeux, c’est passionnant, poétique et éblouissant. Neil Gaiman parle autant de nos mythes fondateurs que de notre monde moderne, mêle de façon fluide les millénaires, les mythologies et la folie moderne, et y ajoute sa patte et son imagination pour créer un univers unique. Un univers souvent sombre, parfois drôle (d’un humour assez noir), toujours étonnant et poétique.


En quelques volumes, il a créé une épopée, une mythologie qui synthétise nos croyances, et y ajoute sa propre création. Un monde qui restera, qui inspirera, n’en doutons pas, des générations d’artistes. Je suis prêt à en prendre le pari, Neil Gaiman et son Sandman auront fait, dans les années à venir, autant d’émules, plus ou moins doués, qu’un Tolkien.


Si vous ne savez pas quoi offrir (ou vous faire offrir) pour Noël, si vous n’avez rien contre la BD, si vous aimez être étonnés, éblouis par un conteur d’histoire, un fabriquant de mondes hors pair, n’hésitez pas un instant, la série Sandman est pour vous. Chaque volume peut parfaitement se lire indépendamment des autres. Seul le volume 11 (et oui, étonnamment, le 11 est sorti bien avant certains volumes précédents), qui regroupe plusieurs petites histoires sans liens les unes avec les autres, est un cran en dessous. Dans tous les autres volumes, l’histoire est éblouissante, et Gaiman a su trouver des illustrateurs à la hauteur de son talent.

Neil Gaiman (scénariste) et de très nombreux dessinateurs … / Les bienveillantes (Sandman 9) (The kindly ones, 1996), Vertigo (2008), traduit de l’anglais par Geneviève Coulomb.

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commentaires

F
Le roi du rêve (Sandman) est tout puissant mais que devient-il si les Hommes cessent de rêver?....<br /> C'est ce paradoxe métaphorique que met en scène admirablement Neil Gaiman. Le tout prend une épaisseur et une poésie impressionnante. Le monde des rêves prend ses racines dans le monde de l'Humanité, et s'étend jusqu'en Enfer. Sandman en devient un des plus puissants. Un des plus puissants qui par prétention se fait emprissoner par un sorcier humain qui le prend pour Death, sa grande soeur.<br /> Le premier tome commence par cette scène. Cette captivité a changé Sandman et on l'apprend tout au long des tomes. Il était dur et égoïste, il en devient pratiquement humain. Il comprend qu'il a des responsabilités et que ces actes ne le concernent pas seulement.<br /> <br /> J'adore la série Sandman, tout comme j'adore de toute façon Neil Gaiman.<br /> Je me permets de mettre un lien avec le 1er tome de Sandman en VO et libre téléchargement par l'éditeur américain DC Comics ==> http://www.dccomics.com/media/excerpts/1696_1.pdf
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J
<br /> Merci pour ce lien, et les commentaires.<br /> Moi aussi, de toute façon, je suis un fan de Gaiman, scénariste et romancier. Un très grand de la littérature de l'imaginaire.<br /> <br /> <br />

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