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12 janvier 2009 1 12 /01 /janvier /2009 21:31

Bill James est l’auteur d’une série de polars centrés sur deux flics, Harpur et son chef  Iles. Avec Mal à la tête, il crée deux nouveaux personnages, féminins, mais toujours flics.


L’inspectrice Sally Birthron, et la Commissaire Principale Adjointe Esther Davidson n’ont pas choisi une mission facile : Elles sont envoyées loin de leur brigade habituelle enquêter sur un éventuel cas de corruption chez les flics locaux. Un de leurs meilleurs indics a été torturé et abattu. Le procès a eu lieu, deux petits malfrats ont été condamnés. Mais le ministère de l’intérieur, sous la pression de la presse, envoie Sally et Esther vérifier si l’indic n’a pas été donné par la police parce qu’il gênait certaines accointances louches en haut lieu. Dire que les deux femmes vont être chaleureusement accueillies et généreusement aidées par les flics locaux serait sans doute un peu exagéré.


Comme John Harvey et Graham Hurley, Bill James est britanique (j'avais précédemment écrit qu'il était anglais, l'incollable et encyclopédique Claude Mesplède m'a heureusement corrigé, il est gallois)  et écrit des polars dans le style procédural (c'est-à-dire, pour faire court, des romans qui décrivent, de la façon la plus réaliste possible, le travail d’une équipe de flics). La comparaison s’arrête là.


Si les deux premiers sont au plus près de leurs personnages, ont une approche empathique et  induisent une forte sympathie entre ces personnages et le lecteur, Bill James observe et décrit tout avec une distance ironique. Le roman est articulé autour des pensées des deux femmes, et surtout de dialogues de sourds où chacun met un point d’honneur à ne pas répondre aux questions qu’on lui pose et à parler d’autre chose.


Ces dialogues, véritable marque de fabrique du roman, présentent un exercice de haute voltige d’une précision et d’une finesse ahurissantes. Mais un exercice potentiellement gênant, j’en suis conscient. En gros, soit on reste admiratif, soit ça agace. D’autre part, le risque à force de prendre de la distance, c’est de faire lâcher prise au lecteur. Qui ne doit espérer ici ni une enquête serrée, ni un grand suspense avec résolution spectaculaire à la fin.


Pour ceux qui aiment, cela donne un tableau tout en finesse et en petites touches mais d’une implacable vérité, et d’une cruauté d’autant plus grande qu’elle est subtile. Pour le lecteur qui n’adhère pas, cela risque de rester un exercice de style dont il ne voit pas trop l’intérêt.


Bill James / Mal à la tête (Tip Top, 2005), Rivages/Noir (2008), traduit de l’anglais par Catherine Richard.

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commentaires

C
Si tu me prends par les sentiments en évoquant Robin Cook....Ce n'est pas moi qui vais trouver un british au-dessus du gentleman au béret basque...
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C
J'en suis à la page 100 de "Club" et j'avoue que je ne rentre pas vraiment dedans. Un peu pour les raisons que tu énonces ici: des dialogues qui m'ennuient un peu (j'ai l'impression qu'on saute du coq à l'âne), des digressions sur la psychologie des personnages pas toujours justifiées, etc...Pourtant, le thème, l'intrigue sont bons, les personnages intéressants mais...voilà. Je n'adhère pas trop mais je vais aller au bout
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J
<br /> C'est un auteur qui effectivement a un style très particulier qui peut empêcher de rentrer dans ses romans.<br /> Et c'est vrai que je préfère l'empathie d'un Harvey, Hurley ... ou de l'immense Cook.<br /> <br /> <br />
J
ah oui, je comprends pour le Lehane ! Je viens de faire un billet dessus, et me demande ce que je vais bien pouvoir lire maintenant...
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J
<br /> tant quà plonger, il doit bien y avoir un guignol quelconque qui a écrit un bon petit roman où il raconte sa dernière dispute avec sa maman, ou sa première petite cuillère de yaourt ... Comme ça<br /> après tu peux redémarrer.<br /> Je te laisse, j'y retourne !<br /> <br /> <br />
J
...confondre un gallois et un anglais, sacrilège ! Etant breton, je ne sais pas si je vais pouvoir te pardonner cette offense... ;-)
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J
<br /> Pardon, mardon, mea culpa, je le ferai plus ! Heureusement que Claude est passé par là.<br /> <br /> Pour ce qui est de la distance, c'est vrai qu'elle ne me gène pas, mais elle m'incite moins à "rentrer" dans le bouquin.<br /> Alors que par exemple j'ai le plus grand mal, à refermer le Lehane pour aller me coucher ! Ou à partir au boulot au lieu de rester à la maison à bouquiner !<br /> <br /> <br />
J
Complètement d'accord avec toi, j'ai noté aussi cette distance qu'il met vis à vis de ses personnages, qui personellement ne me dérange pas. <br /> C'est la même chose dans Club d'ailleurs, avec Colin Harpur. D'accord avec jp, la série des Harpur, beaucoup plus balisée, gagne vraiment à être lue dans l'ordre.
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  • : Il sera essentiellement question de polars, mais pas seulement. Cinéma, BD, musique et coups de gueule pourront s'inviter. Jean-Marc Laherrère
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