Sur la jetée de San Diego tout le monde aime bien Frankie Machianno, l’homme qui vend des appâts, organise des concours de pêche, a toujours un mot gentil et un conseil pour les clients. Quand il n’est pas dans sa boutique, Frankie vend du poisson, s’occupe du linge de table des restaurants ou loue des appartements. Il faut dire que Frankie a une ex femme, une fille qui va démarrer des études chères, et une maîtresse superbe mais habituée à un certain luxe.
Alors Frankie bosse. Jusqu’au jour où deux petites frappes viennent le voir, et lui proposent un petit boulot, pour 50 000 dollars. Frankie veut dire non, mais l’un des truands est le fils du boss de LA. Alors Frankie redevient Frankie Machine, une légende parmi les mafieux de la côte ouest. Un des tueurs les plus craints. Et bien entendu, ça dérape. Frankie est obligé de renoncer à sa vie tranquille, de se planquer, et d’enquêter pour comprendre qui, après tant d’années, peut bien vouloir sa peau.
« Il faut prendre son temps, n’utiliser que la bonne dose d’épices requises, savourer chacune d’elles puis monter doucement le feu jusqu’à ébullition », déclare Frankie, homme méticuleux, soucieux du détail, aimant le travail bien fait. Cela pourrait s’appliquer à Don Winslow et à cet Hiver de Frankie Machine.
Autant le dire tout de suite, ce roman n’a pas l’ampleur, l’ambition et la puissance de La griffe du chien. C’est « juste » un thriller parfaitement huilé, au style incisif, à l’action réglée au millimètre. Plutôt dans l’esprit de Mort et vie de Bobby Z.
« Juste », mais c’est déjà beaucoup. Parce que les pages tournent toutes seules, parce qu’on prend un immense plaisir à le lire, parce qu’on ne peut plus le lâcher une fois qu’on l’a ouvert. Ce qu’on ne peut certainement pas dire de tous les livres publiés à longueur d’année ! Les personnages sont justes, les va-et-vient entre présent et passé parfaitement dosés et agencés, les dialogues claquent, les scènes d’action sont impeccables, et la description du milieu mafieux, bien loin de tout folklore, est sans pitié.
De la belle ouvrage, parfaitement efficace. Pour un pur plaisir de lecture.
Don Winslow / L’hiver de Frankie Machine (The winter of Frankie Machine, 2006), Le Masque (2009), traduit de l’américain par Frank Reichert.