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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 11:51

La quatrième de couverture évoque un Scarface rasta, et c'est bien de cela qu'il s'agit tout au long des plus de cinq cent pages de Rasta gang, fiction fortement autobiographique de Phillip Baker.


New York, 1970. Danny Palmer, adolescent récemment arrivé de Jamaïque avec sa famille, se trouve pris dans un quartier où les antillais sont le bouc émissaire tout trouvé pour les bandes de noirs américains qui s'affrontent avec de plus en plus de violence dans une guerre de territoires sans merci. Démuni, il pense trouver un grand frère qui le protège et lui redonne sa fierté en Dave, un jeune adulte, lui aussi d'origine jamaïcaine, vedette du quartier et champion de foot. Mais Dave est envoyé au Vietnam et Danny se tourne alors vers les Rastafariens et rentre dans cette secte qui va le protéger et faire de lui un tueur. Suivra une carrière foudroyante dans le trafic de drogue et la violence.


Le roman n’est pas exempt de défauts. Il souffre surtout de quelques longueurs et aurait gagné à être resserré. Les récits de massacres finissent par être redondants dans leur horreur, et les passages sur la mystique rasta sont un peu lourds (mais il faut avouer que je ne suis pas très mystique !). C’est d’autant plus perceptible que je n’ai pu m’empêcher de penser aux romans secs comme des coups de trique d’Edward Bunker, la référence en termes de témoignage sur le monde des truands américains.


Malgré ce défaut, ce roman secoue et laisse des traces. On ne peut qu’être impressionné par cette peinture très crue et violente de la vie du ghetto noir dans les années 70. Un roman qui met l'accent sur une réalité peu connue, du moins en France, la xénophobie de toute une population noire américaine qui, bien que revendiquant un héritage noir, s'empresse de mépriser et de haïr ces mêmes noirs s’ils viennent d'arriver.


Cela donne plus de cinq cent pages d'une violence parfois insupportable. Dans un monde où la notion de solidarité, d'entraide, de partage n'existe pas, où l'ami d'un jour se transforme en l'ennemi mortel du lendemain, seuls comptent les armes que l'on a à la main, et l'argent dont on dispose. Pas de morale, pas de valeurs, un seul but, gagner encore et toujours plus.


Finalement, juste l’évolution ultime d’un beau monde capitaliste uniquement régulé par les lois de la concurrence libre et non faussée …


Phillip Baker / Rasta gang (Blood posse, 1994), Moisson rouge (2009), traduit de l’américain par Thierry Marignac.

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commentaires

M
<br /> C'est pas très malin deparler desbouquins de Bunker, horriblement mal traduits par ce sagouin de Michalski,parce que même s'il s'agit de truands,onest dans un autre monde.<br /> La "sécheresse",dont vous regrettez l'absence vient notamment du fait que l'anglais de Baker est un anglais jamaïcain,un anglais colonial britannique émaillée de référencesbibliques qui vous<br /> projette dans un monde de truands… mais vaudou. Nepasvoir ces qualités, prouve une fois de plus le conformisme crasse du chroniqueur depolar,qui roule sa caisse, mais crie au secours dès qu'on lui<br /> déplace ses pantoufles.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Le pauvre chroniqueur en pantoufle frémit d'aise de voir de le plus grand traducteur de France, qui est aussi un des auteurs de polars les plus géniaux et les plus méconnus du monde daigne jeter un<br /> oeil sur son humble travail.<br /> Le chroniqueur pas très malin reconnaît bien son style et sa classe dans sa façon de parler des "sagouins" qui osent exercer une activité dans laquelle il excelle tant que personne d'autre ne<br /> devrait s'y frotter.<br /> Mais pour finir, le chroniqueur crasseux n'est certes pas malin, mais il n'est non plus très patient.<br /> Alors il conseille au génial auteur/traducteur de ne pas perdre son temps à se répandre en polémique et insultes (comme il aime tant le faire ici ou là), parce que le chroniqueur est chez lui, et<br /> qu'il effacera, immédiatement, et sans le moindre scrupule, les prochains commentaires du grand homme.<br /> <br /> <br />
J
... en tout cas merci pour vos critiques, quand même globalement très positives... Ce livre mérite une deuxième vie (et pourquoi pas une troisième en poche ?) après une première où il était, hélas, passé inaperçu. Et il semblerait qu'il trouve un lectorat, ce coup-ci.<br /> Jean-Marc, la pépite argentine de mars ne devrait pas tarder à être livrée, sinon...
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J
<br /> Je l'attends avec impatience.<br /> <br /> <br />
H
J'ai dévoré ce roman que j'ai trouvé pour ma part exceptionnel (je n'ai pas vu les longueurs évoquées).<br /> Par contre, effectivement c'est très violent.<br /> Vous pouvez encore tenter de gagner votre exemplaire de ce roman sur Polars Pourpres.
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J
<br /> Malgré mes quelques restrictions, je trouve que ce roman mérite de trouver des lecteurs, tant mieux s'il a ses défenseurs.<br /> <br /> <br />

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