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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 22:36

Trêve de digressions, et retour au polar avec Citizen Vince, premier roman très prometteur d’un jeune auteur américain, Jess Walter.


Vince Camden n’est pas quelqu’un qui s’intéresse de très près à la politique. Il se lève vers deux heures du matin, va jouer au poker, vend un peu de drogue et quelques fausses cartes de crédit, puis va bosser, de 4h30 à midi, dans une boulangerie. Immuablement depuis qu’il vit à Spokane, petite ville du nord-ouest des USA.


Il faut dire qu’en cette année 80, à huit jours de l’élection entre Jimmy Carter et Ronald Reagan, c’est la première fois de sa vie que Vince peut voter : Avant, il a toujours été en prison ou privé de ses droits. Coup du sort, juste au moment où il s’intéresse à ce qui se passe dans le pays, un de ses associés dans l’arnaque aux cartes de crédit est abattu. Vince voit alors son passé lui revenir à la figure, et va devoir faire des choix.


Dès ce premier roman, subtilement noir, Jess Walter s’affirme comme un auteur à suivre. Ni héros invincible, ni anti-héros pitoyable, Vince est un personnage magnifiquement décrit auquel on croit immédiatement. Le lecteur partage ses doutes, ses envies, et sa découverte faite avec un enthousiasme rafraîchissant, de sa citoyenneté. L’auteur à parfaitement saisi ce moment où un homme s’aperçoit qu’il ne vit pas que pour lui mais qu’il fait partie d’une société, et qu’il en découle des droits, mais également des devoirs.


Il peut sembler au lecteur de polar français, habituellement plutôt politisé, que les questions que se pose Vince sont dignes d’un gamin ou d’un adolescent. Son cas est pourtant très certainement représentatif d’une bonne partie de la population américaine ; il suffit pour s’en convaincre de voir le taux d’abstention lors des élections dans ce pays. Et il serait bien présomptueux de penser qu’un tel personnage ne pourrait pas exister en France …


La réflexion de l’auteur, sa façon de relier l’envie de voter avec le fait d’avoir été privé de ce droit jusque là, et d’en faire la métaphore du changement qu’est en train d’opérer le personnage, passant d’une identité de truand individualiste à celle d’un homme qui va prendre une place plus conventionnelle et plus civique (au sens premier du terme) est fine et convaincante.


Sans oublier, et c’est bien ce que l’on attend en premier lieu d’un polar, que c’est bien écrit et superbement construit, avec une progression et un suspense parfaitement maîtrisés qui, peu à peu, font remonter le passé qui explique le présent et mène à un final incertain jusqu’à la toute dernière page.


Sans aucun doute, un auteur à suivre.


Jess Walter / Citizen Vince (Citizen Vince, 2005), Rivages Thriller (2009), traduit de l’américain par Julien Guérif.

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commentaires

J
salut JM,<br /> il s'agit bien du troisième roman de l'auteur traduit en français. Le premier s'appelait "Les bergers du crime".<br /> "Là où les borgnes sont rois" est d'ailleurs vraiment bon. Celui-ci a l'air du même tonneau.
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J
<br /> Mince alors, la quatrième de couverture dit pourtant bien "Premier ouvrage publié en français du jeune blablabla ..." Ca m'apprendra à croire ce qu'écrivent les éditeurs ! Merci.<br /> <br /> <br />
H
Je crois qu'il s'agit du troisième roman de Jess Walter et du deuxième traduit en français après Où Les Borgnes Sont Rois.<br /> En tout cas ce Citizen Vince comptera parmi mes prochaines lectures.
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