Ca devait bien arriver un jour. Pour la première fois, je suis déçu par un roman d’Elmore Leonard. Explication.
1944. Walter Schoen, boucher de Detroit, est le sosie d’Himmler. Il est d’origine allemande et nazillon. Pour compléter le tableau, il faut préciser qu’il est coincé, obtus, et ennuyeux au-delà de toute expression. En cette fin de guerre, il veut absolument faire quelque chose pour le Führer ! A Detroit il y a aussi deux soldats allemands évadés d’un camp de l’Oklahoma, une fausse comtesse ukrainienne sensée être une espionne, son inquiétant amant/serviteur, quelques nazis, et Honey, l’ex de Walter, qui l’a quitté quand elle s’est rendu compte qu’il était aussi barbant que cinglé … Et maintenant, il y a Carl Webster, le Kid de l’Oklahoma, marshal des USA, qui vient récupérer les deux évadés, et tenter de résister aux avances, pour le moins directes, d’Honey qui sait ce qu’elle veut.
A priori, tout est là ou presque à commencer par les deux ingrédients essentiels de tout roman « leonardien » : une belle collection de cinglés et des dialogues qui font mouche.
Mais je ne sais pourquoi, cette fois, je n’y crois pas. Elmore Leonard se tient souvent à une distance ironique de ses personnages, cette fois, à mon goût, il est allé un poil trop loin, du coup je suis moi aussi resté à distance. Je n’arrive pas à m’intéresser vraiment à ce qui arrive aux personnages. Et je n’arrive pas à être convaincus par certains ressorts de l’intrigue et par les motivations et les comportements des personnages qui ont, c’est encore un point de vue subjectif, des réactions que je ne comprends pas d’après ce que je sais d’eux.
Restent quand même un final magnifique, un vrai suspense sur la question essentielle : Carl restera-t-il fidèle à sa femme ou cédera-t-il à la très troublante Honey ? Restent également, comme je le disais plus haut, quelques cinglés de haut vol et des dialogues au cordeau.
Donc je ne me suis pas ennuyé, mais j’ai été déçu. C’est que j’attends plus d’un roman de Leonard … Alors vivement le prochain.