Le polar italien est décidément bien riche. Il a ses têtes de file, ses stars, comme Camilleri, De Cataldo, Lucarelli, Carlotto ou même depuis peu Carofiglio. Il a aussi ses étoiles filantes comme Saviano … et ce n’est pas tout. Voici chez rivages un écrivain moins connu et éclatant qui peu à peu, livre après livre, finit par faire entendre sa petite musique (je sais, c’est un cliché, mais j’y ai droit moi aussi de temps en temps). Derniers coups de feu dans le Ticinese est le troisième roman traduit du milanais Piero Colaprico.
Augusto dit El Tris est de retour à Milan après 22 ans passés en prison aux US. Cet ancien caïd spécialisé dans les braquages et connu pour sa violence revient se venger de ceux qui l’ont vendu et ont tué sa femme et son fils pendant qu’il était en prison. Il commence par l’avocat qui l’a doublé. C’est le commissaire Bagni (enquêteur de La dent du Narval) qui enquête sur cette mort. L’espace de quelques jours le vieux Milan, ses images et ses fantômes vont envahir la ville.
Après Kriminalbar (recueil de nouvelles se répondant qui finissaient par former un roman) et La dent du Narval, Piero Colaprico continue sa chronique milanaise. Il le fait au travers du regard décalé dans le temps d’un vieux truand qui ne comprend pas les évolutions de sa ville. Inutile cependant d’y chercher une quelconque nostalgie ou le discours convenu sur un passé où la pègre aurait été glamour et honorable. Ses truands ne participent pas à ce mythe ; ce ne sont pas des bandits d’honneur. Ils sont violents, égoïstes et individualistes. Autrefois ce n’était pas mieux, seulement différent.
Au-delà de cette description, Colaprico écrit aussi et surtout une histoire bien sombre de vengeance, de folie, de fantômes et de mort. Une histoire qui ne peut que mal se terminer … elle se termine mal.
Piero Colaprico / Derniers coups de feu dans le Ticinese, (Ultimo sparo al Ticinese, 2004) Rivages Noir (2009), traduit de l’italien par Gérard Lecas.