J’en rêvais, rivages l’a fait … Fan tardif de Donald Westlake et de Dortmunder (je n’ai découvert le polar qu’à partir de la fin des années 80), et heureux ami de quelques pointures es culture polardeuse (dont l’incontournable Claude Mesplède), cela faisait des années que j’entendais parler d’un Dortmunder où le voleur le plus calamiteux de New York se retrouvait dans un couvent et devait aider des bonnes sœurs à récupérer une nonne séquestrée par son père. J’en salivais, et désespérais de ne jamais lire cet épisode. Ca y est, rivages l’a réédité, ça s’appelle Bonne conduite et c’est à la hauteur de mes espérances.
Voici donc l’histoire. A l’issue d’un casse encore plus calamiteux que d’habitude, Dortmunder se trouve suspendu à une poutre, 10 mètres au-dessus d’un groupe de nonnes qui ont fait vœux de silence. Un bon départ non ? En échange de leur aide, il accepte d’aider Sœur Marie du machin du bidule (elles s’appellent toutes Marie du machin du truc) à échapper à son père, aussi riche que tyrannique (et il est très très riche). Premier hic, elle est tenue prisonnière au dernier étage d’une tour absolument inviolable. Et ce n’est que le premier hic, car, bien entendu, les catastrophes en chaîne vont s’abattre sur John et son équipe de bras cassés.
Il n’y a pas de mauvais Dortmunder. Seulement des bons, et des très bons. Celui-ci est dans la deuxième catégorie. Eclats de rire garantis. Ce pauvre John ne se sort d’une situation impossible que pour tomber dans une autre plus impossible encore (et dans ce domaine, l’imagination de Donald Westlake ne connaissait aucune limite). Tiny y est, comme dans les romans de cette première période, beaucoup plus effrayant que par la suite, même pour ses complices (c’en est d’autant plus drôle, bien entendu). Et ils récupèrent un complice 100% westlakien, sorte de vieux pervers pépère absolument hilarant.
En toile de fond, et l’air de rien, Westlake en profite, dès 1968, pour brosser un tableau des plus actuel de la mégalomanie et du pouvoir de nuisance des individus les plus riches.
Si quelqu’un, parmi mes lecteurs, sait pourquoi Westlake a repris son texte en 1985, je suis intéressé par l’information. Quoiqu’il en soit, voilà pour les fans de John un épisode absolument indispensable.
Donald Westlake / Bonne conduite, (Good behavior, 1968 et 1985) Rivages Noir (2009), traduit de l’anglais par Rosine Fitzgerald, traduction revue et complétée par Patricia Christian.