Chouette, un nouveau Gianrico Carofiglio, on va retrouver son avocat, Guido Guerrieri, déjà rencontré là et là. Raté. Le passé est une terre étrangère, comme les deux romans précédents, se déroule à Bari, mais l’auteur y change de personnage et de cap.
Giorgio prend son café dans un bar, intrigué par une femme qui le fixe. Elle finit par le rejoindre et lui dire son nom. Un nom qui projette Giorgio dans le passé, cette terre étrangère. En 1989, quand il était encore étudiant et qu’il fit la connaissance de Francesco. Un garçon fascinant, mystérieux, qui allait l’initier au monde du jeu, de l’escroquerie, de l’argent facile et de la manipulation. Un monde où les frontières entre ce qui est défendable et ce qui ne l’est pas deviennent de plus en plus floues. Un monde dans lequel Giorgio s’enfonce, perdant peu à peu ses repères …
Gianrico Carofiglio change donc de personnage et de style de récit mais fait preuve de la même empathie étonnante que dans les romans précédents. On est au plus près du ressenti du personnage qui coule, petit à petit, sans s’en rendre compte. On perçoit, en cours de lecture, qu’un malaise s’est installé, sans pouvoir dire avec certitude depuis quand il est là. On sent bien que le personnage court à la catastrophe, sans arriver à deviner de quelle catastrophe il s’agit.
Dans ce bijou de finesse, Carofiglio réussit à renouveler de façon très émouvante un des archétypes du roman noir : le récit d’une déchéance annoncée. Il confirme ainsi qu’il est un grand du roman noir, et pas seulement un grand du thriller judiciaire.
Gianrico Carofiglio / Le passé est une terre étrangère, (Il passato è una tierra straniera, 2004) Rivages Thriller (2009), traduit de l’italien par Odile Rousseau.