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16 avril 2009 4 16 /04 /avril /2009 22:43

Attention, le billet qui suit est fortement déconseillé aux cartésiens, amateurs de machineries huilées, d’intrigues au cordeau, de logique implacable. Aller simple de Carlos Salem (j’ai failli écrire Carlos Gardel !) est complètement foutraque, loufoque, cinglé … et cohérent.

 

Octavio, terne fonctionnaire d’une terne mairie de province catalane, renaît le jour où son dragon de femme meurt lors de sa sieste dans un hôtel de Marrakech. Juste au moment où, indécis, il se demande quoi faire du corps et de sa vie, un escroc baratineur et argentin débarque dans sa vie et balaie toutes ses certitudes.

Octavio se retrouve alors embarqué dans une errance automobile qui va le mener au fin fond du désert, puis de retour en Espagne, et lui faire rencontrer un chat nommé Jorge Luis, un prix Nobel de littérature qui n'a jamais écrit une ligne, des espions boliviens teigneux, l'amour de sa vie … et Carlos Gardel. Un Gardel qui, contrairement à ce que croit tout le monde, n’est pas mort à Medellin mais a vécu dans le plus grand secret, et qui est bien décidé à retrouver et abattre Julio Iglesias pour crime contre la culture, le bon goût et le tango.

 

Putain quel roman gonflé et casse-gueule ! Il avait tout pour partir en vrille et finir dans le fossé. L’auteur enfile les rebondissements, plus invraisemblables les uns que les autres, ne sort ses personnages d’une situation sans issue pour les plonger dans un merdier encore plus grand, multiplie les coups de force, en bref devrait se planter cent fois.

 

Et il n'en est rien. Un vrai miracle, à chaque péripétie, il prend un peu plus de vitesse, et continue, en déséquilibre permanent, sans jamais tomber. Un exercice de haute voltige qui permet de tout faire passer, de donner de la cohérence à sa succession d'invraisemblances !

 

Et tout cela passe parce qu’il joue magnifiquement sur l'émotion et l’humour. Il enchaîne les scènes d'anthologie, comme ce film tourné la nuit en plein désert, par un réalisateur fou mais génial et … sans pellicule ; comme un soir de match de foot de la coupe du monde, comme la rencontre entre l'escroc argentin et Gardel, comme …

 

Les personnages sont extraordinaires, d'une humanité profonde, on les aime à la première ligne. L'humour, bien entendu, est toujours présent, mais c'est l'amour de l'auteur pour ses personnages, sa tendresse pour ces ratés magnifiques qui fait tout passer. Et le lecteur passe sans cesse de la tristesse au sourire, des larmes au rire, sans transition, souvent dans la même scène.

 

Si l’auteur était brésilien on parlerait de saudade, comme il est argentin, les références évidentes sont bien entendu le tango, Borges et Osvaldo Soriano (remercié au début du roman). Et le plus beau est que ce superbe premier roman est digne de tous ces parrainages écrasants.

 

Carlos Salem / Aller simple, (Camino de ida, 2007) Moisson rouge (2009), traduit de l’espagnol (Argentine) par Danielle Schramm.

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commentaires

C
<br /> Carlos Salem,tout le monde est unanime mais moi je n'ai pas tenu plus de cent pages.<br /> Ce n'est pas du polar, c'est juste une farce à la rigueur.<br /> Bonne année 2010.<br /> C.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> On est d'accord, ce n'est pas un polar, même s'il s'agit d'aller tuer Julio Iglesias (oeuvre de salubrité publique s'il en est). Mais moi j'adore, mais je suis très argentino-phile.<br /> <br /> <br />
J
L'invitation de Carlos Salem à Toulouse est confirmée ! Ce sera très bientôt dans le programme officiel.<br /> Amitiés,<br /> j.
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J
<br /> Claude nous a dit ça l'autre jour. C'est une excellente nouvelle.<br /> <br /> <br />
J
Shame on me je n'ai pas mentionné Iain Levison, qui intervenait aussi dans ce débat mais y était un brin trop "pro", donc moins marrant, alors que ses bouquins (presque tous lus dans la foulée, à commencer par Les Tribulations d'un précaire) sont formidables.<br /> Sinon on est tout content : Salem a eu quatre étoiles dans Télérama !
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J
<br /> J'ai vu ça, c'est Martine Laval si je ne m'abuse. Félicitations !<br /> <br /> <br />
J
auX dernièreS nouvelleS (oups, c'est dimanche !).<br /> En fait à Lyon je crois bien que Salem a fait l'unanimité. En tout cas parmi les spectateurs du débat sur l'humour et le polar où son numéro de duettistes avec JBP a été particulièrement remarqué.
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J
<br /> Salem et JB, effectivement, ça a dû faire des étincelles, comme JB et Colin Bateman à Frontignan l'an dernier.<br /> <br /> <br />
J
Je ne contredirai rien sur un billet pareil ! Il passera peut-être (mais rien n'est sûr) près de Toulouse... Je sais que Claude Mesplède est en train de le lire et aux dernière nouvelle, l'apprécie beaucoup. Les deux se sont très bien entendus à Lyon, donc Toulouse... Peut-être... Je te tiens au courant.
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