Je ne sais pas si c’est la pluie persistante, un coup de blues passager, une lassitude … ou si je suis simplement de mauvais poil, grognon, grincheux, … mais voilà encore une petite déception avec Chasseurs de tête de mon scandinave préféré, Jo Nesbø.
Roger Brown est le meilleur chasseur de têtes du pays. C’est simple, il n’a jamais vu une seule entreprise dire non à un candidat choisi par ses soins. Roger Brown est cynique, manipulateur et très content de lui. Il gagne très bien sa vie, mais pas assez, car il dépense encore plus, ne serait-ce que pour garder l’amour de sa femme Diana. Alors, pour arrondir ses fins de mois, Roger Brown vole des tableaux chez les candidats qui lui passent entre les pattes.
Jusqu’à Clas Greve. Ancien militaire, cadre de haut vol, il est le candidat parfait pour une entreprise qui vient de contacter Roger Brown. Miracle supplémentaire, il possède un Rubens ! De quoi se mettre définitivement à l’abri du besoin. Sauf que, bien entendu, c’est là que ça dérape, et que Roger Brown de chasseur, va devenir gibier. Et pour le coup, c’est sa tête, au sens littéral du terme, qui sera en jeu.
Jo Nesbø délaisse donc Harry Hole pour ce thriller moins ambitieux que ses romans précédents. Qu’en dire ? Pas grand-chose de très original. Pour un thriller, c’est du haut de gamme. Pour un Nesbø, c’est un poil décevant.
On ne s’ennuie pas un instant même si, comme moi, on se fiche un peu de savoir si l’insupportable personnage principal va s’en sortir ou s’il va passer à la trappe. C’est parfaitement huilé, les surprises et renversements tombent là où il faut, et arrivent à nous surprendre. Le style est impeccable, d’une efficacité sans faille. Un thriller haut de gamme donc. Le moins que l’on puisse attendre de l’auteur du Bonhomme de neige !
Mais on avait aussi l’habitude de trembler, de s’émouvoir, de s’indigner, de déprimer, de se foutre en rogne avec Harry Hole … Et on attend beaucoup de son auteur. Là on a juste la forme (impeccable), mais il manque le fond que l’on trouve habituellement chez Nesbø.
Alors voilà, malgré ses qualités, je suis déçu. C’est sans doute injuste, je suis peut-être grognon, mais c’est comme ça. Du coup je me suis lancé dans un pavé de SF, le dernier roman de l’immense Norman Spinrad. Va falloir attendre un peu pour en avoir des nouvelles. Vous trouverez un avis plus indulgent sur Moisson Noire.
Jo Nesbø / Chasseurs de tête, (Hodejegerne, 2008) Série Noire (2009), traduit du norvégien par Alex Fouillet.