La collection Polar & Rock’N’Roll des éditions La tengo fonctionne visiblement comme ça : Personnage principal, Mona Cabriole, photographe éblouissante d’un journal internet ; Il faut du rock ; chacun des 20 auteurs traite un arrondissement de Paris.
Avec La bourse ou la vie c’est Laurence Biberfeld qui s’y colle. Crash boursier, traders kamikazes qui font, littéralement, sauter la banque, traite des femmes (soit pour les ateliers clandestins soit pour la prostitution), collusion entre pouvoir et affaires … Pourquoi de beaux traders et de jeunes chinoises sont-ils retrouvés morts dans Paris ? Mona et Parisnews vont le découvrir à leurs risques et périls sur fond de rock.
L’idée de départ de ces traders kamikazes est excellente. Y associer une enquête sur les conditions de vie des exploités sans papiers qui permettent à certains de gagner des fortunes est très « manotienne ». Donc tout aussi bonne. Malheureusement la contrainte de la collection, qui oblige à citer à tout bout de champ (ou de chant ?) des extraits de chansons vient hacher et délayer le propos. On peut soupçonner aussi que ce roman a été écrit un peu vite, et/ou qu’il avait une contrainte de nombre de pages à ne pas dépasser.
Il a l’énergie, le style et l’empathie de Laurence Biberfeld, mais on sent qu’avec un tel matériau elle aurait pu faire beaucoup mieux. L’attaque des traders aurait vraiment mérité d’être développée et vécue de l’intérieur. Les filières de prostitution et de travailleuses sans papiers venues de Chine aussi. Et que dire des meurtres des uns et des autres, ainsi que des enquêtes qui mènent à la vérité … Autant de sujet effleurés, avec talent, mais effleurés, ce qui laisse un goût d’inachevé.
Agréable, mais dommage, cela aurait pu être bien plus qu’agréable.
Laurence Biberfeld / La bourse ou la vie. La tengo/Polar & Rock’N’Roll (2009)