Après le Spinrad il me fallait un peu de détente avant de me relancer dans quelque chose de dense. Un poulpe me semblait donc une lecture indiquée. A vos Marx, prêts, partez ! de Jérôme Leroy a parfaitement fait l’affaire.
Gabriel déprime. Le monde court à sa perte et sa relation avec Chéryl bat de l’aile. Gabriel est en permanence de mauvais poil. Du coup, il chasse une gueule de bois avec la suivante. Jusqu’à l’arrivée d’Alfredo Garcia (ouarf !). Ce mexicain, au service du Consortium (les cinq personnes qui, depuis des décennies, dirigent le monde dans le plus grand secret), vient l’appeler à l’aide. Ses maîtres, voyant la crise remettre en cause leur pouvoir, ont décidé de tuer Marx ! Le pire c’est que, grâce au nouvel accélérateur de particules de Genève, ils sont sur le point d’y arriver. Imaginez un monde où Marx n’aurait pas existé. Voilà qui file la chair de poule et redonne la pêche au poulpe, le temps d’une plongée vers 1843 …
Jérôme Leroy reprend ici l’idée d’une des nouvelles parues dans le recueil Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruine. Il en profite pour la développer, lui faire prendre une autre direction, et multiplier les clins d’œil et les hommages. A ses potes, ses films préférés, ses chansons fétiches (il est à noter à ce sujet qu’il a des goûts littéraires et cinématographiques plus surs que ses goûts musicaux, plouf plouf …).
On sent bien qu’il aurait aimé parler un peu plus vins, mais une bible est une bible, et même un athée marxiste comme lui se voit obliger de la respecter. Le poulpe ne boit que de la bière. Par contre, non content de dire son admiration pour Marx, l’auteur, qui ne recule devant aucune vilenie, va même jusqu’à en citer des passages entier et à en conseiller la lecture aux jeunes générations.
Jésus, Marie, Joseph ! Saint Nicolas, Santisima Carlita protégez-nous de cette lecture subversive.
Rythmé, original, drôle et revendicatif. Avec à la fin des affreux, des vrais, qui en prennent plein les dents. Si j’osais, je dirais une bonne cuvée. Mais comme on n’a pas le droit de causer pinard …
Jérôme Leroy / A vos Marx, prêts, partez ! Baleine/Poulpe (2009)