Une petite histoire sordide, le nouveau roman d’Alessandro Perissinotto pourrait bien devenir de début d’une série.
Rien ne destinait Anna Pavesi, psychologue divorcée de quarante ans, à se retrouver une nuit d'hiver en train de déterrer un cadavre dans un bois fréquenté par les prostituées. C'est pourtant bien ce qu'elle est en train de faire, la peur au ventre. Tout a commencé quelques jours plus tôt, quand une riche milanaise l'a contactée pour qu'elle trouve ce qu'il était arrivé au corps de sa demi-soeur, tuée accidentellement quelques semaines plus tôt. Tout ce que veut sa cliente, c'est éviter que le scandale n'éclabousse une famille en vue …
Ce polar a tout pour lui : Une construction impeccable, une intrigue qui cache quelques surprises, un personnage intéressant en la personne D'Anna … En toile de fond la peinture, bien plus acérée et méchante qu'il n'y paraît au premier abord, de toute une région, de l’obsession du travail et de l'argent qui y règne, de la fascination pour les expressions les plus vulgaires de la réussite sociale.
A travers cette peinture très locale, c'est aussi une critique de Italie berlusconienne que l'on devine. Une critique de l'arrogance et la froideur des puissants, du mépris dans lequel ils tiennent ceux qu'ils exploitent.
Un bon polar donc, auquel pourtant il manque un petit quelque chose pour qu’il soit réellement enthousiasmant. Peut-être un peu de nerfs et de rythme, peut-être une peu de tripes. Un tout petit quelque chose qui lui permettrait de se hisser au niveau des meilleurs. Un petit quelque chose que je ne saurais définir précisément, mais dont je ressens le manque.
Mais on reverra sans doute Anna, si l’on en croit ses dernières paroles : « Ma reconversion a commencé. » L’occasion, j’espère d’être pleinement convaincu car Alessandro Perissinotto a du talent.
Alessandro Perissinotto / Une petite histoire sordide, (Una piccola storia ignobile, 2006) Série Noire (2009), traduit de l’italien par Patrick Vighetti.