Le polar irlandais se porte décidément très bien. Fayard Noir a découvert un nouvel auteur qui semble tremper sa plume directement dans la Guiness tant son propos est sombre. Voici donc Poussière tu seras (tout un programme) de Sam Millar.
C’est l’hiver, il a neigé, et il fait froid. Adrian, livré à lui-même depuis la mort de sa mère, découvre un os dans un bois proche de Belfast. Il le cache à son père, Jack, ancien flic reconverti à la peinture, qui passe plus de temps à cuver sa gnole et à déprimer qu’à s’occuper de lui. Non loin de là, Jeremiah, un barbier à l’ancienne, et Judith, sa femme qui cache un secret et une violence effroyables sont en train d’atteindre le point de non retour.
Adrian ne sait pas encore qu’il a déterré bien plus qu’un os, et que de bien sales histoires vont revenir à la surface. Jack lui ne se doute pas qu’il va devoir décuver et retrouver toutes ses facultés pour sauver son fils.
Enfer et damnation, quand les irlandais arrêtent de plaisanter pour plonger au plus profond des âmes ça fait mal. Comme John Connolly, comme le plus torturé des Jack Taylor, Sam Millar nous entraîne au fond, tout au fond. Aucune lueur d’espoir dans cette histoire cauchemardesque de folie, de vengeance et de mort. Et pas moyen d’y échapper, on se fait happer dès les premières pages et on coule avec les personnages.
Pas la peine non plus de chercher le gentil de service, il n’y en a guère. Et ici pas d’humour à la Ken Bruen, Hugo Hamilton ou Colin Bateman pour faire passer la pilule. Cela pourrait être trop, ou déjà vu, si le propos n’était pas servi par une écriture impeccable qui fait sentir le froid, la déprime, les corbeaux sur un champ de neige, la nausée, la rage ou la montée de la peur face à la folie furieuse.
Une vraie découverte, et un auteur à suivre très attentivement.
Sam Millar / Poussière tu seras, (The darkness of the bones, 2006) Fayard Noir (2009), traduit de l’anglais (Irlande) par Patrick Raynal.