On pourrait appeler ça un retour au sources, ou dire que le boucle est bouclée. Ou parler de retrouvailles, de jubilé … En bref, Gabriel le Poulpe Lecouvreur retrouve un de ses talentueux papas, en l’occurrence Jean-Bernard Pouy, après des années de séparation. Ca s’appelle Cinq bières, deux rhums. Et c’est fort réjouissant.
Gabriel déprime. Cheryl est en stage sham-Pouy-nerie dans le sud, et lui se morfond dans son bar préféré. Il se morfond tellement que Gérard décide de l’envoyer en mission dans le Nord et en Belgique pour essayer de lui trouver de nouvelles bières. Aussitôt dit, aussitôt parti, notre octopode préféré part faire du tourisme de part et d’autre de la frontière, conte fleurette aux serveuses, déguste des bières, se lie d’amitié avec des mariniers … et commence à s’intéresser à un cadavre retrouvé au milieu d’un chargement de ferraille sur une péniche.
Autant le dire tout de suite, l’intrigue n’est pas essentielle. Ce qui compte, c’est la balade dans le Nord, la magnifique description du monde des péniches zé des mariniers, celle d’une région anciennement industrielle qui meurt à petit feu, mais également celle de ceux qui se battent pour qu’elle revive. Ce qui compte surtout, c’est que c’est du JB Pouy. Avec son écriture, son style, cette facilité insolente, sa capacité à camper un personnage qu’on a l’impression d’avoir toujours connu, et ce en trois phrases, son humanité, son humour, ses références … plaisir assuré. Donc un très bon poulpe.
Juste pour le plaisir, un peu de Pouy dans le texte :
Culturel :
« Il y avait un château, un peu violé par le Duc »
Définitif :
« Gabriel repéra tout de suite le mec bourré, mais pas à mort, juste dans l’état temporaire où l’on a l’impression d’être Rambo ou Sarkozy. Un chieur. »
Jean-Bernard Pouy / Cinq bières, deux rhums, Baleine/Poulpe (2009).