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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 00:49

Quand on parle de la révolution cubaine, on pense à Fidel Castro et au Che. Mais il y en a une autre, antérieure, celle de José Marti, qui a vu Cuba se défaire de la colonisation espagnole. C’est aux prémices de cette révolution là que Angel Tomás Gónzalez Ramos nous convie avec Les anges jouent des maracas.

 

La Havane en ce mois de janvier 1887 est en pleine ébullition. Politique, en ces temps où le sort de l’île se joue entre les espagnols qui ne veulent pas perdre leur dernière colonie, les indépendantistes créoles, qui voudraient être maîtres de leur futur, et le grand voisin américain, puissance industrielle en plein essor, qui voudrait mettre la main sur la production de sucre cubaine. Culturelle, avec la venue de Sarah Bernhardt, et celle du grand matador espagnol Luis Mazzantini. Et policière avec la découverte du corps sans vie d’un mulâtre vêtu d’habits de femme. Qui du gouverneur Sabas Marin, du chef de la police Regino Trujillo, de l’inspecteur Juan Bautista Valiente en charge de l’enquête, ou de l’aventurière gringa Elisabeth Garden saura, ou pourra, tirer son épingle d’un jeu faussé dès le départ ?

 

Dommage. Dommage que ce roman historique plutôt réussi soit en même temps un polar … plutôt raté. J’explique.

 

Le contexte historique, dans toute sa complexité est bien rendu. Les vrais enjeux économiques, cachés sous les discours idéologiques (et parfois sincères) sont parfaitement mis en lumière. La ville surtout, lieu d’affrontement de tous les intérêts qui tournent autour de l’île est le vrai personnage du roman, tout tourne autour d’elle, et elle est fort bien décrite. Les personnages historiques, comme la diva Sarah Bernhardt sont très bien intégrés au récit …

 

Au détriment, justement des autres personnages, et c’est là que le bât blesse. Ils sont esquissés, mais à part peut-être Elisabeth, la belle aventurière, il ne sont qu’esquissés. On ne s’y attache pas, on ne comprend pas toujours ce qui les fait agir, et en fait, on s’en moque un peu. On découvre par exemple un lourd secret dans le passé de l’enquêteur, mais à aucun moment dans le cours du récit rien n’a laissé supposer qu’il souffrait de ce passé pourtant traumatisant. Du coup, on ne le comprend plus, et son sort nous indiffère. Même l’enquête est à peine effleurée.

 

Cela donne l’impression que l’auteur s’est dit qu’il lui fallait un prétexte policier pour raconter l’histoire qui lui tenait à cœur, mais sans aller au bout de sa démarche. Dommage. Il lui aurait fallu creuser le caractère policier, ou opter plus franchement pour un roman historique.

 

Mais peut-être suis-je passé à côté de ce roman.

 

Angel Tomás Gónzalez Ramos / Les anges jouent des maracas, (Los ángeles tocan maracas, 2008) L’atinoir (2009), traduit de l’espagnol (Cuba) par Jacques Aubergy.

 

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