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2 août 2009 7 02 /08 /août /2009 23:11

Voici après Hortensia Blues voici Cézembre noire, le deuxième épisode des aventures du commissaire Workan créé par Hugo Buan.

 

Le commissaire Workan et toute sa fine équipe sont envoyé sur l'île de Cézembre, au large de St Malo, pour surveiller deux soi-disant scientifiques américains, en réalité agents de la CIA, qui viennent régulièrement voir comment évolue l'île qui avait été copieusement bombardée, avec toutes sortes de produits exotiques, à la fin de la seconde guerre mondiale. Normalement, en cette saison, il n'y a personne. Mais là, juste par hasard, il y a, les trois tenanciers de l'unique hôtel, les deux guignols de la CIA, les cinq flics de Workan, deux couples accompagnées d’une ado en séminaire pipeau, un rocker pathétique transformé en tueur à gage et un ancien de Diên Biên Phu qui l'a amené là. Détail pittoresque, la tempête fait rage, et toute communication est coupée. Et c'est là qu'apparaît le premier cadavre …

 

On retrouve donc l'équipe d'Hortensia Blues, et on retrouve le style d'Hugo Buan. Qui rajoute ici un huis clos à la … Shutter Island (même si les deux romans n'ont rien d'autre en commun que leur décor et la tempête). Un mystère de chambre close en quelque sorte. Je pourrais répéter ici tout ce que j’ai écrit à propos du roman précédent (allez-y voir si ça vous intéresse).

 

C’est donc fort plaisant, et, comme Hortensia Blues, se lit sourire aux lèvres. Il est cependant dommage qu'Hugo Buan ne profite pas de cette suite pour approfondir ses personnages. Il est surtout dommage qu’il ne profite pas de la toile de fond très sombre (avec les souffrances de la guerre, l'horreur des bombardements, mais aussi le drame qui sert de prétexte à l'intrigue) pour se laisser un peu plus aller dans le noir.

 

Comme s’il avait choisi un sujet plus ambitieux, mais avait toujours reculé, au dernier moment, devant sa propre ambition, se réfugiant derrière un style, des dialogues et un humour qu’il maîtrise fort bien. Il évite ainsi systématiquement l'émotion et s'en détourne (et en détourne le lecteur) par une blague au moment où la noirceur pourrait pointer son nez. C'est dommage, cela donnerait une autre dimension à ce roman, et surement plus d'impact à son humour.

 

Hugo Buan / Cézembre noir, Pascal Godé (2009).

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commentaires

K
Bien sûr, c'est injuste pour HB, que je n'ai pas lu et auprès duquel je m'excuse. Disons qu'il est une victime collatérale de la profonde lassitude et de l'irritation provoquées par l'incompréhensible prolifération d'un sous-genre particulièrement insignifiant.
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J
<br /> Je comprends la lassitude ... Heuresement la région toulousaine est pour l'instant assez préservée, les anti corps fonctionnent. Et effectivement cela nuit surtout aux vrais auteurs.<br /> <br /> <br />
K
Sans vouloir être injuste avec Hugo Buan ("vite" en breton), que je n'ai pas lu, ce roman s'apparente apparemment à un genre/virus qui s'est développé voici une bonne dizaine d'années, dénommé "polar breton", consistant à situer une intrigue bancale dans une ville donnée (Douarnenez, Concarneau, Pontivy…), avec des personnages inexistants, des dialogues pisseux, une méconnaissance crasse des réalités locales.
Répondre
J
<br /> Vous êtes injuste, sans doute parce que vous ne l'avez pas encore lu.<br /> Ce virus existe malheureusement, et il n'est pas que breton. Il a envahi la France entière, sauf peut-être la Creuse et le Limousin ...<br /> En l'occurence Hugo Buan a une écriture, un ton bien à lui, enlevé et plaisant. Ses personnages existent, pour ce qui est de la méconnaissance des réalités locales, je ne me prononcerai pas, depuis<br /> pour midi toulousain bien lointain.<br /> Comme quoi on peut échapper à tous les virus, grippe, gastro ou polar breton !<br /> <br /> <br />

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