Voici donc comme promis ici, les deux volumes suivants de la trilogie écrite par le mexicain Gabriel Trujillo Muñoz, consacrée à l’avocat défenseur des droits de l’homme Miguel Angel Morgado. Encore que dans ces trois volumes il ressemble davantage à un privé qu’à un avocat, mais c’est sans importance. Voici donc Loverboy et Mexicali city blues (dont le titre original Puesta en escena, c'est-à-dire mise en scène, reflète mieux l’intrigue …).
Que dire que je n’ai déjà dit dans mon premier papier ? La trilogue est très homogène, on retrouve dans ces deux nouveaux opus (opi ? opum ? opae ? opium ?) le même défaut (le prix) et les mêmes qualités. Belle écriture, beaux personnages, une intrigue qui tient la route malgré le format réduit, des digressions fort bien venues, un personnage central attachant, quelques femmes fatales, des affreux vraiment affreux (surtout dans Loverboy), des surprises et coups de théâtre (surtout dans Mexicali city blues).
Sachez que l’intrigue de Loverboy tourne autour de disparitions d’enfants de trafic d’organes en direction du voisin du nord. C’est forcément très noir, et Trujillo réussit de façon extraordinaire à camper, en quelques phrases échangées (et laissées en anglais), une bande de toubibs infects, en apparence pas méchants pour deux sous, mais dépourvus de tout sens moral et capable de tout, très calmement, pour quelques dizaines de milliers de dollars. Un modèle d’efficacité dans l’écriture, pour cette peinture de la saloperie presque ordinaire dans un monde où la loi du fric, et celle du plus fort priment.
Pour Mexicali city blues, on est en plein dans le trafic de drogue à la frontière, encore, avec le grand voisin du nord. Faux semblants, artifices, pièges et coups tordus en tous genres au menu. Une fois encore, l’humour éclaire un constat bien sombre de quelques rares lueurs.
La trilogie quant à elle illustre parfaitement ce qui se dit là-bas : Pauvre Mexique, si loin de Dieu, si près des USA.
Il ne reste plus à espérer qu’un éditeur de poche aura la bonne idée de rassembler les trois volumes en un, à un prix un peu plus abordable.
Gabriel Trujillo Muñoz / Loverboy (Loverboy, 2006) et Mexicali city blues (Puesta en escena, 2006), Les allusifs/3/4 (2009) traduit de l’espagnol (Mexique) par Gabriel Iaculli.