Quand j’ai reçu L.A. Noir de Tom Epperson j’ai hésité entre deux impressions contradictoires. L’agacement en lisant l’inévitable petite phrase de quatrième de couverture, signée Robert Crais cette fois (d’habitude c’est Ellroy, Connelly ou Coben qui s’y collent) nous faisant part de son enthousiasme. Allez savoir pourquoi ça a le don de m’énerver, comme les rires enregistrés, ou « Vu à la télé » sur un produit de supermarché. Et l’envie de lire grâce à une belle couverture, et surtout en voyant que c’est Patrick Raynal qui l’avait traduit. Parce que j’ai supposé que s’il l’avait traduit c’est qu’il lui avait plu.
Et après lecture, je suis encore partagé …
Danny les deux flingues est un des hommes de Bud Seitz. Comme ses collègues truands, son patron est en pleine crise. La fin de la prohibition vient d’être votée et la pègre de L.A. et d’ailleurs, doit s’adapter. Mais Danny a bien d’autres problèmes. Il ne se souvient de rien. De rien qui date d’avant quelques mois, quand il a pris un coup de clé à molette sur la tête. Alors il demande à droite et à gauche comment il était. Parce qu’étrangement Danny, qui a une réputation de tueur, ne se sent pas à l’aise avec les armes. Pour compliquer le tout il est en train de tomber amoureux de Darla, la poule de Bud. Et ça ce n’est pas bon pour sa santé.
Coté points positifs, le premier important, très important, je ne me suis pas ennuyé et je l’ai lu avec plaisir. C’est du bon travail, léché, bien construit, très classique. L’époque est bien rendue, les personnages plutôt réussis. L’auteur prend son temps (un peu trop parfois quand même), sait alterner les scènes de tension et les périodes de calme. Il sait surtout éviter la coloration sépia et le discours attendu sur l’honneur, les truands d’autrefois … Les truands sont des brutes, des épais encore plus méchants que bêtes, sans le plus petit code d’honneur. Ils ne recherchent que leur propre plaisir immédiat, sans se soucier de ceux qu’ils doivent écraser pour cela. Ca se lit donc avec plaisir.
Côté points négatifs, c’est … trop classique. On se demande presque pourquoi écrire aujourd’hui un polar qui semble venir directement des années cinquante. Et le classicisme va jusqu’à frôler le cliché avec le vieux dandy homosexuel, la vamp parfois touchante, la gamine maltraitée mais très vive et attendrissante … Dans le même ordre d’idée, certaines scènes sont très, très prévisible, surtout à la fin, où on sait très longtemps à l’avance qui va mourir, qui va s’en sortir et qui va abandonner qui. Et puis la fin est quand même un peu gentille … Ce qui cadre d’ailleurs avec le titre anglais (The kind one), mais pas trop avec sa traduction française (L.A. Noir).
Impression mitigée donc, et je suis curieux de voir si d’autres l’ont lu, et ce qu’ils en ont pensé.
Tom Epperson / L.A. Noir, (The kind one, 2008) Le cherche midi (2009), traduit de l’américain par Patrick Raynal.