Il y avait longtemps que je ne vous avais pas causé de mes minots …
Et puis, il y a eu là, un papier absolument, absolument … je ne trouve pas les mots pour dire l’horreur qui m’a saisie quand j’ai lu qu’on pouvait Le trouver répétitif, et même un peu vain ! Alors j’ai promis d’y aller de mon papier moi aussi.
Et puis il y a pire, il y a le film qui devrait sortir ces jours-ci.
Alors je me lâche : Nicolas, je t’aime !
Comment ? Mais non, vous êtes cons ou quoi ? Pas ce Nicolas là !!
Non le vrai, le seul, celui qui nous fait rire depuis des décennies, celui de Goscinny et Sempé. Enfin, vous n’avez quand même pas cru …
Donc depuis quelques temps je relis le Petit Nicolas sous le prétexte toujours pratique de le lire à mes minots. Et je me marre, et eux aussi. Et comme ça fait rire, c’est déjà indispensable, et donc ce n’est pas vain !
Bien sûr c’est répétitif, la structure est toujours la même (situation pré-connerie, montée de la pression ou de la mayonnaise, explosion de la connerie, conséquences de la connerie). Bien sûr, chaque fois, Nicolas présente des personnages que l’on connaît. Mais alors pourquoi on rit à chaque fois ? Pour moi cela relève, tout bêtement … du comique de répétition !
Et ça marche. Dès que Nicolas et ses copains se retrouvent pour une nouvelle activité, mes mômes disent, les yeux brillants, ça va finir par « tu veux une baffe ? » et par des « coup de poing sur le nez ». Ils frétillent (mes mômes), commencent à sourire, et éclatent de rire quand arrive la réplique attendue.
Et ils adorent qu’à chaque fois Nicolas dise : « Alceste, c’est le copain qui mange tout le temps ». Le jeu consistant à commencer la phrase, et à les laisser la terminer en chœur.
Et puis c’est vrai c’est daté. Mais c’est justement ça qui permet de mettre le doigt sur quelques évolutions de notre monde, et de montrer qu’il n’y a pas si longtemps :
Il n’y avait que des garçons dans la classe (quelle chance dixit le grand)
Les punitions c’était copier 200 fois (200 fois !!!!!)
Les mamans restaient à la maison (ben pourquoi elle va pas travailler ?)
Quand papa rentre tout est prêt (ben pourquoi il fait rien à la maison papa ?)
Les gens n’avaient pas la télé (pas la télé !!!???)
Les gamins n’avaient pas de playmobils, pas de DvD, pas de … et celui qui avait un ballon de foot était la vedette.
Etc …
Et moi, c’est l’écriture qui me fait rire, et qui me donne l’occasion de leur montrer comment l’écriture fait rire. Un exemple que j’ai retenu : Agnan se fait traiter de sale cafard en classe (normal, c’et un sale cafard cet Agnan). Et Nicolas déclare « et la maîtresse n’a pas su qui c’était sinon j’aurais eu une punition ».
Et là je leur explique que si l’auteur avait écrit « j’ai crié Agnan sale cafard mais la maîtresse n’a pas vu que c’était moi et je n’ai pas été puni » cela n’aurait pas été drôle …
C’est un des ressorts de l’humour de Goscinny, cette façon de ne révéler certains faits que de façon détournée. C’est aussi pour ça que je crains le pire pour le film. Parce que c’est un procédé purement littéraire, et que si on supprime l’écriture, il reste quand même, il faut l’avouer, des récits datés, répétitifs et laissant craindre une adaptation pachydermique.
En attendant VIVE LE PETIT NICOLAS !!!!!!!