Après deux romans bien noirs et éprouvants, le lecteur a droit à une petite récréation. Comme la vie, et le monde de l’édition, sont parfois bien faits, parait ce mois-ci à la série noire un nouvel opus de la série R&B (pour Roberts et Brant) de Ken Bruen. Comme toujours sur les derniers titres, celui-ci est court et efficace : Calibre.
Londres. Dans le fief de Brant, le flic le plus dangereux de Londres, un illuminé a décidé de faire respecter la politesse. Sa méthode ? Simple. Il tue ceux qu’il surprend en flagrant délit de grossièreté. Puis il s’en vante auprès de la police et de la presse.
Erreur. Car si Brant ne tient pas particulièrement à sauver les cons et autres malpolis autour de lui, il est bien décidé à être le seul à choisir qui il faut éliminer ...
Ken Bruen prouve, une fois de plus, que le thème le plus rabattu (ici le serial killer), donnant lieu aux pires soupes commerciales, peut aussi, dans les pattes d’un auteur de talent (et il en a le bougre !), donner un petit bijou, tout noir.
Nous avons donc ici un R&B classique et donc jubilatoire. Brant au mieux de sa forme, des flics méchants comme des teignes, des délinquants plus bêtes que la moyenne mais presque aussi mauvais que les flics, un hommage aux grands du noir, et une écriture au scalpel. Cela donne des scènes d’anthologie, des dialogues à apprendre par cœur et une méchanceté assumée réjouissante. Du pur bonheur. Dommage que ce soit si court, mais peut-être est-ce une nécessité pour atteindre une telle efficacité et un tel tranchant …
Vivement le prochain.
Ken Bruen / Calibre (Calibre, 2006), Série Noire (2011), traduit de l’irlandais par Daniel Lemoine.